Les infections oculaires peuvent toucher toutes les tuniques de l'œil, celles qui concernent les tissus directement impliqués dans la vision (cornée, vitré, rétine et nerf optique) sont potentiellement les plus graves car elles peuvent compromettre définitivement la fonction visuelle. Si l'évolution de l'épidémiologie due aux changements sociétaux, environnementaux et climatiques s'accompagne du risque d'augmentation de l’incidence de certaines pathologies infectieuses oculaires, heureusement, de nombreuses pistes s'ouvrent. L'intelligence artificielle (IA) pour l'aide au diagnostic et les choix thérapeutiques, le développement d'outils diagnostiques (identification des pathogènes) de plus en plus efficaces et rapides, le développement d'outils thérapeutiques contre les effets secondaires des infections (anti-VEGF pour la cornée, matrices de reconstruction tissulaire, antifibrotiques…)
1,2 à 1,5 million de patients souffrent d’un glaucome
Les défis posés par le glaucome ont fait l'objet de nombreux travaux de recherche. En France, on estime que près de 1,2 à 1,5 million de patients sont concernés par cette pathologie, essentiellement les plus de 40 ans. Elle provoque une dégénérescence progressive et irréversible du nerf optique et c'est l'une des premières causes de cécité dans le monde. On l'associe souvent à une augmentation de la pression intraoculaire (PIO) mais il existe d'autres facteurs de risque comme l'âge, la forte myopie, ou des facteurs héréditaires. Le glaucome ne peut pas être guéri et il est essentiel de poser un diagnostic précoce. Malheureusement il n'est pas possible de régénérer un nerf optique altéré à cause du glaucome. L'objectif du traitement est donc de ralentir voire de stopper son évolution en réduisant la PIO.
« Depuis ces dernières années, les techniques d'imagerie de l'œil se sont considérablement développées pour le diagnostic et le suivi des patients (mesure des fibres du nerf optique, vérification de sa bonne fonction). L'IA permettra certainement d'améliorer les logiciels associés à ces machines, estime le Docteur Michel Puech (Explore Vision, Paris). La sécurité des interventions chirurgicales s'est aussi renforcée grâce à de nouveaux traitements moins invasifs (laser, dérivation, pose de stents trabéculaires pour faciliter l'évacuation de l'humeur aqueuse). » Le principal défi reste la possibilité d'agir directement sur le nerf optique et de nombreux travaux sont en cours.
Les différentes corrections du strabisme
Les progrès réalisés ces dernières années concernent aussi la prise en charge du strabisme. Il est défini comme le non-alignement des axes visuels. Près de 4 % de la population en sont atteints en France et on dénombre 12 000 à 13 000 interventions chirurgicales par an, dont 50 % sont des enfants de moins de 10 ans. Chez l'enfant, les strabismes peuvent être assimilés à un trouble du développement des commandes cérébrales de l’alignement des yeux. En raison de la plasticité cérébrale, il peut exister un risque d’amblyopie (baisse visuelle de l'œil dévié s’il n’est pas stimulé suffisamment). « Chez l'adulte, on rencontre des strabismes présents dès l'enfance ou nouvellement acquis à tous les âges (traumatisme, atteintes des nerfs, paralysie des muscles oculomoteurs ou vieillissement des tissus de soutien de l’orbite dû à l'âge), précise le Dr François Audren, secrétaire de la SFO, Fondation Rothschild, Paris. Les progrès de la recherche (notamment de l'IRM) ont permis de mieux comprendre certains strabismes, surtout ceux liés à la myopie forte et à l'âge. »
Chaque année près de 13 000 interventions chirurgicales pour strabisme sont réalisées, dont 50 % chez des enfants de moins de 10 ans
Chez l’enfant, le traitement chirurgical du strabisme est indiqué après le traitement médical (correction optique et de l’amblyopie éventuelle), idéalement avant l’entrée au CP, le retentissement psychosocial du strabisme se majorant à cet âge. Pour les adultes, le traitement du strabisme est très souvent chirurgical sous anesthésie générale en tenant compte de l'évolution du strabisme selon sa cause. En effet, certaines paralysies oculomotrices ont une récupération spontanée et il ne faut pas les opérer en urgence. « La demande d'intervention par rapport aux conséquences psychosociales d’un strabisme inesthétique va grandissant, pour des âges de plus en plus avancés constate le spécialiste Un des enjeux de la strabologie en France aujourd’hui est de répondre à cette demande alors que les effectifs des médecins strabologues sont limités. »
D'après une visioconférence de la SFO