Codécouvreur de l'ARN messager, sa contribution au décryptage du gène a été capitale. Ses travaux ont ouvert la voie, près de 60 ans plus tard, à l'utilisation de cette technologie dans les principaux vaccins utilisés contre le Covid-19.
Ce chercheur mondialement reconnu est né à Paris le 24 avril 1925 dans une famille « israélite non pratiquante ». Il s'était replié à Toulouse pendant la Seconde Guerre mondiale. « Perpétuellement à la merci d'une dénonciation », il changeait de nom régulièrement, avait-il raconté dans ses « Mémoires scientifiques - Un demi-siècle de biologie » (2003).
François Gros a contribué, aux côtés des figures les plus éminentes de la recherche scientifique, à la naissance de la biologie moléculaire qui va bouleverser les sciences du vivant.
Directeur général de l’Institut Pasteur entre 1976 et 1981, François Gros a apporté des contributions majeures à la découverte de l’ARN messager, mais aussi aux facteurs d’initiation de la synthèse protéique. « (Ces) travaux scientifiques remarquables (...) ont contribué à l’attribution du prix Nobel de médecine ou de physiologie à François Jacob, André Lwoff et Jacques Monod en 1965 », a rappelé l'Institut Pasteur dans un communiqué.
Tout au long de sa carrière, il a reçu de très nombreuses décorations, parmi lesquelles celles de Grand officier de la Légion d’honneur en 2013 et de Grand-croix de l’ordre du Mérite en 2017.
Une influence politique
« Les travaux de François Gros ont été déterminants dans la découverte de l'ARN messager. Éminent spécialiste de biologie moléculaire, il a ouvert la voie au développement de vaccins contre la Covid-19 », a écrit la ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, Frédérique Vidal, sur son compte Twitter. « Son héritage est un immense espoir pour l'humanité », a-t-elle salué.
Il s'était lié d'amitié avec François Mitterrand, et avait été le conseiller scientifique de Pierre Mauroy, alors Premier ministre, puis de Laurent Fabius au début des années 1980.
Dans une déclaration à l'AFP, Jean-Pierre Chevènement indique que François Gros lui « avait apporté une aide précieuse dans l'organisation de grands colloques sur la recherche et dans l'élaboration de la loi d'orientation et de programmation de la recherche de 1982 ». « Je m'incline devant ce grand savant qui était aussi un humaniste », ajoute celui qui était à l'époque ministre de la Recherche et de l'Industrie.