- J’ai déjà suivi la formation pour la bandelette urinaire et pour le prélèvement dans la gorge, explique Kenza au formateur.
- Et nous devions avoir la formation au sein de la CPTS pour mettre en place le protocole de coopération, complète Marion. Mais du coup, c’est plus rapide de suivre la formation avec vous.
Les deux adjointes de la Pharmacie du Marché suivent une classe virtuelle pour être formées à la délivrance des antibiotiques. Après le tour de table traditionnel des présentations, le formateur souligne l’importance de ce nouvel acte accordé aux pharmaciens :
- Nous allons voir pour chaque situation, cystite et angine, comment se passe le choix de l’antibiotique, quels sont les critères pour s’orienter vers l’une ou l’autre molécule. Tout paraît très encadré mais certaines situations pourront vous paraître ambiguës ; votre arbitrage sera indispensable, reposant sur vos connaissances et votre expérience. Qui dit arbitrage dit responsabilité. C’est une nouvelle histoire qui commence pour les pharmaciens.
- Pour la cystite, c’est facile, il n’y a que deux antibiotiques possibles, intervient Marion.
- Effectivement. Lesquels ?
- La fosfomycine et le pivmécillinam.
- Excellent.
Après deux heures de formation, la dernière partie est consacrée à la résolution de cas pratiques. Une situation pose problème à Kenza, qui s’en émeut auprès du groupe :
- Nous ne pouvons pas prendre en charge une femme qui fait des infections urinaires à répétition. C’est un peu incohérent, d’autant plus que dans ces cas-là, les médecins font souvent des ordonnances antidatées.
- Le caractère récidivant est un critère d’exclusion en effet, à partir de trois épisodes de cystites dans les douze derniers mois. C’est assez logique, parce que dans cette situation, il faut approfondir l’exploration pour comprendre pourquoi il y a récidive.
- OK, mais est-ce que ce sont trois épisodes confirmés par test urinaire, ou trois épisodes déclarés par la patiente ? poursuit Kenza.
- Excellente question. À vrai dire, la notion de confirmation n’est pas précisée. À la pharmacie, on se base sur le déclaratif.
Tandis que les pharmaciennes terminent leur formation, l’activité s’intensifie à la pharmacie du Marché. Pour une fois, le traitement passe au second plan. C’est principalement la candidature de Karine aux élections législatives qui revient dans toutes les conversations des patients.
- Vous direz à Madame Dupré que c’est bien qu’elle se présente. Au moins, on lui fait confiance parce qu’on la connaît. Et elle sait bien quelles sont nos difficultés, dit une petite dame à Gisèle avant de sortir.
Dans le back-office, Karine jongle entre la commande et son téléphone qui ne cesse de vibrer. À côté d’elle, une jeune fille est assise et écoute la pharmacienne. Elle s’appelle Shahina et elle réalise son stage de seconde.
- Nous devons passer une commande de médicaments deux fois par jour.
- À qui ?
- A notre grossiste. Ah, désolé, dit la pharmacienne alors que son téléphone l’interrompt à nouveau. Je te laisse rejoindre Emmanuel au comptoir. Allô ? Oui bonjour Juliette. Ça va, merci. Oui, très fatigant mais très excitant. Et oui, Julien comme moi allons démarrer une nouvelle histoire.
(à suivre…)