On détecte environ 45 000 nouveaux cas de cancer colorectal chaque année en France. Or ce cancer se guérit 9 fois sur 10 s’il est pris à temps. Pourtant, chaque année, seulement 29 % des Français de plus de 50 ans se font dépister. Chez nos voisins européens, le taux de dépistage est bien plus élevé : près de 75 % aux Pays-Bas et plus de 50 % au Royaume-Uni, en Italie, en Espagne ou encore au Portugal. L’Europe a fixé un objectif de 45 % de taux de participation dans tous les pays membres.
L’âge est le principal facteur de risque du cancer colorectal. D’autres facteurs sont aussi incriminés, tels que l’alimentation, l’inactivité physique, les antécédents de maladies inflammatoires de l’intestin, mais aussi le patrimoine génétique.
Les cancers colorectaux sont sporadiques dans 80 % des cas, dans 15 % des cas, ils surviennent dans un contexte familial et dans 5 % des cas, ils sont liés à une prédisposition génétique (polypose adénomateuse familiale, syndrome de Lynch).
En France, les stratégies de dépistage se déclinent selon le niveau de risque. Le dépistage national organisé pour les personnes à risque moyen repose sur la réalisation d’un test immunologique de recherche de sang occulte dans les selles et en cas de résultat positif, sur la réalisation d’une coloscopie. « On peut aujourd’hui enlever de très grosses lésions par coloscopie et ainsi éviter une chirurgie », explique le Dr Thierry Ponchon, président du centre de coordination des cancers de la région Auvergne-Rhône-Alpes.
Combattre les freins
Le test de dépistage est ainsi recommandé tous les deux ans pour toute personne âgée de 50 à 74 ans, sans histoire familiale ni antécédents personnels de cancer colorectal ou d’adénome et ne présentant pas de symptôme évocateur. Dans 96 % des cas, le test de dépistage est négatif.
« Malheureusement, il existe de nombreux freins et tabous qui entourent le dépistage du cancer colorectal, regrette le Dr Thierry Ponchon, 13 % des personnes qui ont un test de dépistage positif n’ont pas de coloscopie. » On dénombre en moyenne 1,4 million de coloscopies par an en France ; en 2020, à cause de l’épidémie de Covid-19, il y en a eu 20 % en moins.
Les pharmaciens d’officine pour dynamiser le dépistage
Jusqu’à présent, la remise du kit de dépistage était uniquement réalisée par un médecin (médecin traitant, gynécologue, hépato-gastro-entérologue, médecin de centre d’examen de santé) à l’occasion d’une consultation médicale. Dès le mois d’octobre, toute personne éligible invitée au dépistage peut commander en ligne un kit de dépistage qui sera alors reçu à domicile.
Dans un deuxième temps, la remise de kits de dépistage sera possible par les pharmaciens. « L’objectif est de faire figurer cette nouvelle modalité d’accès au kit dans une nouvelle convention (1er semestre 2022) », indique le comité de pilotage. Sont préalablement nécessaires la contractualisation avec la CNAM des modalités de sa mise en œuvre, la production d’outils à destination des pharmaciens par l’InCa et la mise à jour des textes réglementaires encadrant ce programme.
Le pharmacien est ainsi reconnu comme un acteur important de la stratégie de dépistage. Différentes expérimentations ont déjà été menées avec succès, notamment en Corse. Les pharmaciens d’officine possèdent de nombreux atouts pour dynamiser ce dépistage en s'adressant aux patients n'ayant pas ou peu de suivi médical, qui s’estiment en bonne santé ou qui méconnaissent les procédures de dépistage…
D’après une conférence en ligne du Laboratoire Norgine.