L’avenant économique à la convention pharmaceutique a été signé le 10 juin entre l’assurance-maladie et la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF). L’une des missions de ce texte est d’assurer la viabilité du réseau, et par conséquent de garantir la rentabilité de l’entreprise officinale par une marge suffisamment robuste pour supporter la hausse des charges, notamment des salaires et le poids de l’emprunt.
Dans son étude annuelle, Joffrey Blondel, directeur gestion officinale chez Astera/Cerp Rouen, passe en revue les différentes rémunérations de la pharmacie. Et décompose une marge globale qui est tombée à 29,1 % du chiffre d’affaires en 2023, contre 32,2 %, un an auparavant.
S’appuyant sur des données croisées provenant de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), de la Caisse nationale de l’assurance-maladie (CNAM), de Gers Data et des réseaux d’experts-comptables, il revient sur les différents contributeurs de la marge officinale en 2023 et pointe les évolutions à suivre au cours de l’exercice actuel. Cette analyse est d’autant plus précieuse que la marge doit désormais se passer des activités liées au Covid. Leur apport passe ainsi de 77 000 euros en 2022 à 9 000 euros en 2023. « Soit une baisse de la rémunération globale de la pharmacie d’environ 14 % par rapport à 2022 (Covid compris) », indique Joffrey Blondel.
Des nouvelles missions marginales
Les médicaments chers, dont les volumes ne cessent de croître, constituent désormais l’un des principaux indicateurs de la marge officinale. Non qu’ils soient particulièrement rémunérateurs. Bien au contraire, peu générateurs de marge mais gros contributeurs de chiffre d’affaires, ils biaisent de plus en plus les bilans officinaux. Ainsi, comme le constate Joffrey Blondel, ces médicaments, dont le prix excède 150 euros, pèsent désormais en 2023 pour 38 % du chiffre d’affaires du médicament remboursable, dont 15 % sont détenus par les produits de plus de 1930 euros. Cette part n’atteignait que 34 % un an auparavant. Il souligne par ailleurs la marge réalisée pour les produits d’un prix supérieur à 1930 euros, la marge se situe autour de 2 % uniquement (hors remises).
Selon les chiffres de la CNAM (retraités de la marge liée aux activités Covid), la marge dégressive lissée et les honoraires ont progressé en valeur de 2 % sur l’année 2023. En valeur, la marge sur les seuls honoraires à la boîte atteint 128 000 euros, la marge dégressive lissée (MDL), 78 000 euros. Les pharmaciens disposent cependant d’une marge de progression, comme le relève Joffrey Blondel. Car, souligne-t-il, la marge liée aux nouvelles missions (hors vaccination) reste extrêmement faible à hauteur de 262 euros, en moyenne par officine (2 902 euros vaccination comprise). Sa progression laisse cependant espérer qu’elle est désormais sur une bonne trajectoire. Car, remarque Joffrey Blondel, la marge liée aux nouvelles missions est malgré tout multipliée par 4 par rapport à 2022. Et si les entretiens AVK, AOD, Asthme, anti cancéreux, femme enceinte et les BPM ne sont toujours pas menés par les pharmacies, les titulaires invoquent un manque de temps, de personnel, d’espace et de rémunération. Le principal levier pour faire progresser la marge officinale réside par conséquent dans la revalorisation des honoraires et des différentes missions. En 2023, Le total de la marge constituée par les honoraires, la ROSP et les nouvelles missions représente 74 % de la marge du 2,1 % hors Covid et remises. Il constitue 34 % de la marge totale.
L’avenant économique qui n’entrera en vigueur qu’en 2025 s’est attelé à ces revalorisations, mais seront-elles suffisantes ? Pour que 2024 ne soit pas une année blanche, les partenaires conventionnels ont mis en place pas moins de six ROSP « exceptionnelles » pour un montant maximum de… 900 euros. Un souffle bien ténu pour l’officine. En attendant qu’elle puisse reprendre haleine de 2025 à 2027, date de la prochaine convention pharmaceutique.
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