Le Quotidien du pharmacien. - Comment la médecine du travail peut-elle aider un pharmacien adjoint en souffrance ?
Dr Anne Foucher. - Les adjoints peuvent nous joindre pour obtenir de l'aide et cela, sans être obligés de prévenir leur titulaire. De la même manière, nous n'avons pas à divulguer à l'employeur le nom d'un adjoint avec qui nous avons échangé. Nous pouvons intervenir auprès de l'employeur et de l'équipe officinale (par exemple, pour tenter de résoudre un conflit, pour faciliter la communication parmi les membres de l'équipe) uniquement lorsque l'adjoint nous donne son accord.
Notre premier rôle consiste à écouter l'adjoint, à prendre note de ce qu'il souhaite nous relater au sujet de sa souffrance au travail. Nous essayons également de faire la part des choses entre les sources de stress au travail, dans sa vie personnelle ou familiale. Ensuite, en fonction de la discussion, nous pouvons l'orienter vers une tierce personne. Le médecin traitant peut prescrire un arrêt de travail si nécessaire. Le psychologue du travail peut également recevoir l’adjoint pour une ou deux séances mais ne peut proposer un suivi à long terme. Si une telle prise en charge est nécessaire, il l’orientera vers un psychologue ou un psychiatre. Exceptionnellement, à la demande du médecin du travail, il peut intervenir au sein de l'officine, si l'adjoint et le titulaire l’acceptent.
Quelles sont les principales causes de mal-être des adjoints ?
Les origines peuvent être diverses : surcharge de travail, mésentente au sein de l'équipe, sentiment de manque d'autonomie, difficultés financières du titulaire liée à la baisse du chiffre d'affaires, changement de direction, fatigue liée aux heures supplémentaires… Toutefois, l'un des gros problèmes de souffrance à l'officine reste le conflit avec un collègue ou l'employeur. Lorsque d'autres problèmes professionnels ou privés s'y ajoutent, cela entretient un cercle vicieux. L'écoute, l’intervention auprès des collègues et du titulaire, les orientations et les outils fournis par la médecine du travail peuvent l'aider à trouver une solution adéquate.
La crise sanitaire a-t-elle amplifié le mal-être de certains pharmaciens ?
Nous ne pouvons répondre précisément à cette question. Toutefois, il est certain que les adjoints font face à des patients plus anxieux que d'habitude et à une charge de travail amplifiée (tests antigéniques, vaccination, nouvelles missions). Ces responsabilités représentent de nouveaux défis mais aussi, de nouveaux risques pour l'adjoint qui peuvent exacerber une souffrance ou un stress sous-jacents. Malheureusement, lorsque les adjoints viennent nous voir, leur état de santé est déjà largement dégradé. Ils pensent souvent que nous représentons le dernier recours. Or, ils peuvent nous joindre de façon précoce, pour prévenir le burn-out et la souffrance au travail.
A la Une
Remises biosimilaires, solutions contre les ruptures… : quel avenir si le gouvernement tombe ?
Campagne de l'Ordre
Soumission chimique : la prise en charge au comptoir
PLFSS 2025
Pas de déremboursements en 2025 : la promesse de Barnier à l’épreuve du 49.3
Aide aux étudiants en pharmacie
Le projet Mentorat en manque de dons