Fruit d’un partenariat entre la Société Française des sciences pharmaceutiques officinales (SFSPO) et Sanofi, la rencontre s’inscrit dans la perspective des Jeux Olympiques qui, estime le laboratoire, « amèneront 10 millions de spectateurs et 4 milliards de téléspectateurs » à s’intéresser de plus près au sport et à la santé… Un événement « unique » que les pharmacies françaises doivent savoir appréhender. Car, comme l’a rappelé la présidente de la SFSPO, Béatrice Clairaz-Mahiou, 30 % des Français souffrent de douleurs chroniques, premier motif de consultation en médecine générale.
La pratique sportive à des fins de santé s’adresse à tout le monde
Au-delà des athlètes eux-mêmes, la pratique sportive à des fins de santé s’adresse à tout le monde. Depuis une vingtaine d’années, beaucoup d’études ont montré son intérêt non seulement pour la réduction des douleurs, notamment arthrosiques et lombalgiques, mais aussi pour la prévention secondaire de maladies comme le diabète de type II ou le cancer du sein. Frappée par l’arthrose dès l’âge de 19 ans, la sauteuse en longueur Eloyse Lesueur a témoigné combien il reste possible, au prix d’un entraînement adapté, non seulement de réduire ses douleurs mais aussi de poursuivre la compétition : elle en est un exemple vivant, et participera dans quelques semaines aux Jeux de Paris.
Sport plaisir et/ou sur prescription
Pourtant, souligne Lucile Sublon, officinale installée à Strasbourg, « non seulement les pharmaciens ne sont pas formés à la douleur des sportifs, mais ils ne sont pas assez sensibilisés à l’intérêt de l’activité physique dans le soulagement des douleurs en général ». Elle-même athlète de compétition, titulaire de nombreux titres de championne de France dans sa catégorie, elle est passée en 2015 de la course de fond à la course de vitesse, où elle s’est pleinement épanouie. « Ce n’est que récemment que j’ai commencé à parler d’activité physique au comptoir », explique-t-elle, d’autant plus que ce type de dialogue ne se fait pas au hasard et implique un réel choix des mots et des formulations. Il faut aborder les notions de sédentarité et d’activité, mais aussi se méfier du mot « sport » qui peut effrayer les profanes, et savoir faire la différence entre le sport stricto sensu et l’« activité physique adaptée » (APA), plus thérapeutique et encadrée.
La conversation peut être engagée autour de l’intérêt de l’activité physique pour augmenter ses dépenses énergétiques et brûler des calories, ou expliquer que ce sont les muscles et le squelette qui nous tiennent debout, poursuit-elle. Aujourd’hui, inciter ses patients, notamment en surpoids, à reprendre une activité modérée est d’autant plus aisé que les médecins peuvent « prescrire du sport et de l’APA », dont les frais sont pris en charge par les ARS ou les caisses primaires. Malheureusement, dit-elle, « je n’ai jamais vu passer aucune prescription d’APA »… Un comble à Strasbourg, qui fut pourtant, dès 2012, pionnière dans ce domaine (lire encadré).
Le sport médicament
Mais si les patients ne peuvent – ou ne veulent — se lancer dans une activité sportive ou d’APA labellisée, il reste toujours possible de les inciter à bouger plus, y compris dans la vie quotidienne. Ne plus aller à la boulangerie en voiture, faire des promenades même brèves constituent des premiers pas dont les résultats surprennent parfois les patients eux-mêmes. En ce qui concerne le choix d’un sport, poursuit Lucile Sublon, il n’y a pas de règle fixe, mais des principes à respecter : « choisissez celui qui vous plaît, et surtout, faites-vous plaisir ! », s’enthousiasme-t-elle. Il faut aussi savoir dissiper les craintes infondées : « non l’activité physique ou le sport n’aggraveront pas vos douleurs, bien au contraire, et personne ne trouvera ridicule de vous voir bouger ». Enfin, insiste-t-elle, il n’y a pas d’âge pour commencer une activité physique !
Co-auteur d’une brochure sur la prise en charge du patient douloureux au comptoir et les conseils à donner, la pharmacienne souhaite que les professionnels prennent mieux conscience de l’importance de ces activités physiques pour la santé. Aujourd’hui, a conclu pour sa part Eloyse Lesueur, « le sport est devenu mon principal médicament », tandis que Béatrice Clairaz-Mahiou a rappelé que les Anciens, comme les médecins du Moyen-Âge, savaient déjà que l’activité physique contribuait aussi à une bonne santé mentale… un savoir ancestral confirmé de nos jours par les sciences. On sait désormais comment l'activité physique active les récepteurs endorphiniques, sérotoninergiques, dopaminergiques et noradrénergiques, entraînant une sensation de récompense et de plaisir, tout en stimulant aussi la production d’adrénaline et d’insuline.
Sport santé et activité physique adaptée (APA)
Depuis 2012 dans quelques villes pionnières comme Strasbourg, Blagnac et Biarritz, et depuis 2021 dans toute la France, les médecins peuvent prescrire du sport ou de l’APA en prévention primaire ou secondaire. Ces prescriptions s’adressent notamment aux personnes en surpoids, trop sédentaires, ou souffrant de différentes maladies pour lesquels elles peuvent constituer un complément à leur traitement.
Le « sport santé » leur permet de s’inscrire dans un club ou simplement d’obtenir une aide financière, pendant un à trois ans, pour aller faire de la natation, du vélo ou de la marche nordique, avec ou sans le concours de moniteurs formés. L’APA, plus spécifique, permet aux patients de mener des activités sous la direction d’éducateurs spécialisés.
Au-delà de leur intérêt préventif et thérapeutique, le Sport santé et l’APA sortent les patients de leur isolement et leur redonnent confiance en eux, un résultat aussi important pour leur santé que le seul retour à l’activité physique. Ils doivent être pratiqués régulièrement car deux mois d’arrêt suffisent pour « revenir à la case départ » et annihiler leurs bienfaits.
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