Mortel, Beyfortus ? Sans gravité, la bronchiolite du nourrisson ? Un collectif de parents aux accents antivax diffuse une brochure virulente contre Beyfortus (nirsévimab), « facultatif et potentiellement dangereux ». On a vérifié leurs 7 arguments.
Le collectif Parents & citoyens France, connu notamment pour sa lutte contre la vaccination obligatoire chez l’enfant de moins de 2 ans, part en croisade contre Beyfortus (nirsévimab), recommandé dans l’immunisation passive des nouveau-nés et des nourrissons contre les infections à virus respiratoire syncytial (VRS). Dans un prospectus très chiadé qu’il diffuse notamment sur les réseaux sociaux, le collectif dénonce en 7 points, mais sans source, un Beyfortus « facultatif et potentiellement dangereux ».
Premières affirmations, le collectif estime que « la bronchiolite touche une minorité de nourrisson, depuis toujours, sans être un problème de santé publique », qu’elle « peut entraîner des réactions – toux et fièvres – mais est globalement bénigne, et se guérit facilement » et que « malgré quelques rares passages aux urgences, la mortalité est à peine de 0,0026 % selon Santé publique France ». Pas vraiment. Lors de la dernière épidémie qui a couru de mi-octobre 2023 à début janvier 2024, la bronchiolite a quand même représenté jusqu’à 11,9 % de l’ensemble des actes médicaux SOS Médecins pour les enfants de moins de 2 ans lors du pic épidémique, en décembre 2023, selon Santé publique France. Si la maladie est le plus souvent bénigne malgré des symptômes impressionnants, certains enfants sont susceptibles de contracter une forme sévère justifiant une hospitalisation. Les passages aux urgences ne sont pas « rares » et le poids de la bronchiolite sur l’hôpital se fait ressentir : la saison dernière, la part des hospitalisations pour bronchiolite après passage aux urgences parmi l’ensemble des hospitalisations pour les enfants de moins de 2 ans a atteint 44,3 %. De plus, entre fin août 2023 et jusqu’au 12 avril 2024, 668 cas graves de bronchiolite chez les moins de 2 ans ont été signalés par les services de réanimation, dont 436 (69 %) étaient liés au VRS. L’épidémie 2022-2023, plus intense mais pas plus sévère, est marquée par un nombre de passages aux urgences (73 262) deux fois plus élevé.
Le collectif estime aussi que « l’injection Beyfortus » ne réduit pas le nombre d’hospitalisations. Faux. Deux études récentes de l’Institut Pasteur et de Santé publique France ont montré, d’une part, une baisse significative du nombre de nourrissons hospitalisés et une efficacité de Beyfortus en vie réelle estimée entre 76 % et 81 % pour les nourrissons admis en réanimation, et d’autre part que Beyfortus a évité environ 5 800 hospitalisations pour bronchiolite après passage aux urgences entre le 15 septembre 2023 et le 31 janvier 2024 en France hexagonale.
Dangereux, Beyfortus ? « Selon l’EMA (Agence européenne du médicament, N.D.L.R.), la cause des décès n’est pas établie, et l’étude Mélody EMA-EPAR mentionne 3 à 5 décès sur 987 cas », affirme encore le collectif. Si 4 décès ont bien été relevés dans le groupe nirsévimab de cette étude de phase III (qui compte en réalité 1 998 nourrissons traités avec nirsévimab 50 mg ou 100 mg), « un décès de cause inconnue est survenu au jour 140 chez un nourrisson ayant eu un retard de croissance ; deux décès survenus aux jours 143 et 338 ont été reliés respectivement à une diarrhée et à une gastro-entérite chez des nourrissons qui n'ont pas eu de visite médicale pour la maladie ; un décès est survenu au jour 286 chez un nourrisson des suites d’une fracture du crâne (implication dans un accident automobile) », a détaillé la Haute Autorité de santé (HAS) dans son avis du 19 juillet 2023.
« Le risque en vaut-il la peine ? 3 morts sur 987 avec Beyfortus soit 300 morts pour 100 000 environ ; 2,6 morts sur 100 000 sans injections ? », s’interroge le collectif. La Société française de Néonatologie (SFN) et le Groupe de Pathologie infectieuse pédiatrique (GPIP) ont répondu à cette question en juin 2023 lorsqu’ils se sont déclarés favorables à une administration systématique de Beyfortus à tous les nourrissons âgés de moins de 6 mois au début de la prochaine période épidémique, suivis dans la foulée par la HAS. Les dernières données en date montrent un profil de sécurité rassurant en vie réelle, selon l’enquête de pharmacovigilance de l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM), publiée le 1er octobre.
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