Alors que les chiffres de la campagne de vaccination antigrippale ne sont pas très bons cette année, des pharmaciens se retrouvent paradoxalement en rupture de vaccins et ne parviennent pas à en commander auprès de leurs grossistes. Au niveau national, la situation semble toutefois très hétérogène car de nombreux officinaux risquent dans le même temps de se retrouver avec des doses inutilisées à la fin de la campagne…
Ces derniers jours, l’épidémie de grippe saisonnière s’est accentuée, avec 251 cas de grippe vus en consultation de médecine générale pour 100 000 habitants lors de la dernière semaine de décembre, contre 180 nouveaux cas pour 100 000 habitants une semaine auparavant. Le taux de vaccination, lui, est décevant, avec « 10 millions de personnes cibles vaccinées cette année », sur les 17,2 millions de patients qui bénéficient d’un bon de prise en charge, selon les chiffres donnés fin décembre par le président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), Philippe Besset. Au vu de la situation, on pourrait s’attendre, comme l’an dernier, à voir des pharmaciens avec un excédent de doses dans leurs officines. C’est parfois le cas mais pas partout.
Dans un article de « France 3 Provence-Alpes-Côte d’Azur », des pharmaciens marseillais se plaignent en effet de ne plus avoir de vaccins antigrippaux en stock. « On a demandé les mêmes quantités que l’année dernière où cela avait été suffisant, mais là ça n’a pas suffi », témoigne ainsi une titulaire de la cité phocéenne. Certains ont essayé de commander de nouvelles doses, sans succès. « Il y a des ruptures chez les grossistes un peu partout, confirme Cyril Colombani, président de l'Union des syndicats des pharmaciens d'officine (USPO) des Alpes-Maritimes. L’an dernier, de nombreux pharmaciens se sont retrouvés avec beaucoup de doses sur les bras à la fin de la campagne et ont revu leur niveau de commande à la baisse pour cette année », analyse-t-il. Des pharmaciens installés dans les Vosges ont également signalé au « Quotidien du pharmacien » que leurs grossistes étaient actuellement à court de vaccins Influvac et Vaxigrip.
Conséquence, certains d’entre eux ne sont plus en mesure de répondre à une demande toujours très difficile à évaluer. « On essaie de s’entraider entre pharmaciens, ceux qui ont des doses en trop dépannent parfois ceux qui n’en ont plus », explique-t-il. Ces derniers jours, sur le groupe WhatsApp dédié aux pharmaciens qu’il utilise, Cyril Colombani voit quotidiennement passer des demandes de pharmaciens qui ont besoin d’être réapprovisionnés en vaccins antigrippaux. Ailleurs en revanche, la situation est bien différente. Le président national de l’USPO, Pierre-Olivier Variot, titulaire près de Dijon, « ne manque pas de doses en stock, bien au contraire » et, à sa connaissance, aucun des pharmaciens de son secteur n’est aujourd’hui en rupture…
Comment expliquer de telles disparités ? « Peut-être que les pharmaciens du sud de la France ont plus vacciné que ceux du nord cette année », avance Cyril Colombani. L’important n’est pas là cependant, il s’agit surtout de trouver des solutions pour ceux qui n’en ont plus. « Il faut mettre en place une solution au niveau national, par exemple un système de transport en passant par les grossistes, qui iraient récupérer les doses en excédent chez certains pharmaciens pour approvisionner ceux qui n’en ont pas assez, le tout en respectant la chaîne du froid », propose le pharmacien des Alpes-Maritimes.
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