S’engager dans les nouvelles missions nécessite des investissements financiers, notamment pour adapter ses locaux et former son personnel. C’est ce que confirme une étude réalisée par GERS Data pour l’Union nationale des pharmaciens de France (UNPF). Un sondage qui démontre néanmoins que le manque de ressources et l’absence de visibilité sur le potentiel économique de certains de ces nouveaux actes constituent des freins importants pour les titulaires.
L’avenant économique à la convention pharmaceutique, récemment signé par la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France, a encore conforté l’importance des nouvelles missions dans l’exercice officinal d’aujourd’hui. Difficile d’assurer un avenir économique à sa pharmacie sans s’y engager mais, dans le même temps, vaccinations, dépistages et autres entretiens impliquent des investissements tant humains que financiers. Une équation complexe que souligne l’étude dévoilée par l’UNPF et menée par GERS Data.
Ce sondage, auquel plus de 300 titulaires ont répondu entre mars et avril, prouve premièrement que les officinaux ont bien compris l’importance d’investir dans leur établissement aujourd’hui. La quasi-totalité du panel (99,7 %) déclare l’avoir fait au cours des cinq dernières années et ce, essentiellement en raison des nouvelles missions. « Les sommes engagées sont importantes, puisque 22 % des titulaires disent avoir investi plus de 100 000 euros dans leur officine au cours des trois dernières années, 19 % plus de 30 000 euros, et le reste moins de 30 000 euros. Pour plus de la moitié des pharmaciens, cela représente une évolution de plus de 50 % par rapport aux années précédentes », complète l’UNPF. Les pharmaciens évoquent d’ailleurs certains leviers économiques susceptibles de les aider à s’adapter à cette transformation du métier. Ils citent en premier les dispositifs financiers (51 %), la mutualisation de tâches administratives avec d’autres officines (35 %) et, loin derrière, les aides à l’emprunt (19 %) et les regroupements entre pharmacies (15 %).
Cela ne surprendra personne, certaines de ces nouvelles missions motivent davantage les pharmaciens que d’autres. Les titulaires plébiscitent avant tout l’administration des vaccins, activement pratiquée par 94 % des sondés et la remise des kits de dépistage du cancer colorectal, que 90 % des répondants réalisent couramment. À l’inverse, les entretiens pharmaceutiques peinent à séduire. Seulement 22 % des pharmaciens proposent des entretiens femmes enceintes et la proportion est encore plus basse pour les autres entretiens.
Pourquoi les pharmaciens ne s’engagent-ils pas davantage dans certaines de ces missions qui renforcent pourtant leur rôle au sein du système de santé ? Pour des raisons avant tout économiques, selon ce sondage. « Plus de la moitié (55 %) des pharmaciens déclare ne pas disposer d’assez de ressources pour les réaliser et plus de 6 pharmaciens sur 10 (62 %) citent le manque de visibilité sur le potentiel économique comme raison de leur non-implication dans certaines missions. » Autres motifs avancés, le manque de personnel, pour 54 % et, dans une moindre mesure, le manque d’espace (28 %). Les trois quarts des pharmaciens interrogés ont tout de même investi, ou envisagent de le faire, pour l’aménagement, l’extension et la rénovation des locaux ainsi que pour la formation de l’équipe.
Selon la majorité des titulaires qui ont répondu au sondage (77 %), un élément permettrait de convaincre davantage de pharmaciens de se lancer. Il s’agit, sans surprise, d’une hausse de la rémunération pour ces nouveaux actes, un sujet au cœur des récentes négociations avec l’assurance-maladie. « L’intérêt intellectuel et humain des nouvelles missions est indiscutable, mais décorréler cette transformation de l’aspect financier est illusoire. La pharmacie doit pouvoir se projeter avec des perspectives économiques à la hauteur, que les négociations conventionnelles récentes n’ont malheureusement pas permis d’obtenir », déplore le président de l’UNPF, Christophe Le Gall. Ce dernier appelle à « poursuivre la mobilisation, pour une rémunération proportionnée aux besoins du réseau et aux missions que les pouvoirs publics souhaitent confier aux officines ».
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