L’Académie de médecine a mis en garde hier contre les confusions entre les hyperénergétiques ou hyperprotidiques, les compléments nutritionnels oraux (CNO) et les compléments alimentaires, ces derniers pouvant avoir des effets indésirables liés au surdosage, au mésusage, ou à une association avec des médicaments.
L’Académie de médecine a communiqué hier sur les compléments alimentaires, des produits dont l’utilisation accrue relève, selon elle, « d’un fait de société ». Raison de plus pour les sages de conseiller aux patients un approvisionnement par un circuit authentifié. Ces précautions valent tout particulièrement pour les populations fragiles (personnes âgées, enfants, femmes enceintes).
Les membres de l’Académie de médecine vont même plus loin dans leur prise de position, estimant que les compléments alimentaires ne sont généralement pas nécessaires « pour les personnes en bonne santé ayant une alimentation équilibrée et sans carence documentée ». Non seulement inutile, la consommation de compléments alimentaires peut être aussi nuisible en termes de santé si elle est « désordonnée », en raison de l’existence de risques de surdosage, de mésusage ou encore d’interaction avec certains médicaments. L’Académie réitère par conséquent sa recommandation concernant l’apposition sur les emballages, d’une mention « indiquant que les compléments alimentaires peuvent être à l’origine d’incompatibilité grave avec certains médicaments ».
Ses membres demandent que les médecins et les patients puissent se référer à une liste bien identifiée de compléments alimentaires « utilisables en cas de carence » et que la « liste plantes » de 2014 soit révisée. Celle-ci, publiée par la Direction générale de la Concurrence de la Consommation et de la Répression des fraudes
(DGCCRF) en 2014, pose problème, estime l’Académie, car elle contient des produits « possédant des propriétés pharmacologiques et non physiologiques ou nutritionnelles ». Il arrive même qu’elle ne mentionne pas de données suffisantes sur la sécurité d’utilisation. Or en fonction de la dose utilisée, certaines préparations voient leur effet physiologique devenir un effet pharmacologique, potentiellement responsable d’effets indésirables. De plus, des parties de plantes ou extraits de plantes figurant dans cette liste sont strictement médicinaux et ne peuvent être vendus qu’en pharmacie.
En pharmacie, là aussi, la vigilance ne doit pas se relâcher. Car des confusions sont également possibles avec des médicaments, en raison de la présentation de certains compléments alimentaires sous forme de gélule ou de comprimé. Sans compter que la frontière est parfois floue : « selon la dose, une substance peut être un complément alimentaire ou un médicament ». L’Académie rappelle que la liste des ingrédients autorisés dans les compléments alimentaires (vitamines, minéraux et plantes), ainsi que les doses journalières maximales à ne pas dépasser pour ces vitamines et minéraux peut être consultée sur le site de la DGCCRF.
Enfin, souligne l'Académie, les compléments alimentaires ne doivent pas être confondus avec les compléments nutritionnels oraux (CNO) qui relèvent, eux, d'une prescription médicale. Autres sources de confusion, les mélanges nutritifs hyperénergétiques ou hyperprotidiques auxquels il peut être nécessaire de recourir en cas de dénutrition.
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