Déjà 20 ans que l’assurance-qualité a fait son entrée dans la pharmacie d’officine. Le Conseil national de l’Ordre des pharmaciens (CNOP) s’y est attelé au début des années 2000 en faisant appel aux compétences de la Commission qualité Aquitaine pour la pharmacie d’officine (CQAPO), à l’origine du premier Guide de l’assurance-qualité officinale. Depuis, la CQAPO a produit foison d’outils pour « faciliter la lecture des textes juridiques et leur application pratique au comptoir », à disposition sur son site Internet, comme dernièrement un kit vaccination, indique Jean-Paul Akbaraly, président de la CQAPO. Mais les pharmacies engagées dans une démarche de certification ne représentent encore que 15 % de la profession.
Même si « la qualité et la rigueur sont dans l’ADN des pharmaciens, des dérapages peuvent se produire », reconnaît Carine Wolf-Thal, présidente du CNOP. Preuve en est fin 2017 et début 2018 avec l’affaire Lactalis, lorsque « des accidents de parcours » sont repérés lors des retraits de lots. « Ça a été l’élément déclencheur de ce projet de démarche qualité », se souvient Carine Wolf-Thal. Aujourd’hui tout est fin prêt.
Le site – demarchequaliteofficine.fr – s’étoffe chaque jour et accueille depuis plus d’un mois une autoévaluation en 39 questions autour de quatre thèmes : la prise en charge et l’information des patients, la dispensation, les missions et service, les moyens nécessaires au fonctionnement de l’officine. « Le résultat, sous forme de pourcentage, indique quelles sont nos marges de progression et quels sont les points à améliorer. C’est la pierre angulaire de la démarche qualité, j’invite tous les pharmaciens à le faire dès demain », s’enthousiasme Laurent Filoche, président de l’Union des groupements de pharmaciens d’officine (UDGPO). Et pas d’inquiétude sur le résultat, « il n’est communiqué à personne d’autre qu’à celui qui réalise l’autoévaluation, il est ensuite anonymisé pour être colligé à des fins statistiques », précise Philippe Besset, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF).
Relever le défi
Le site et l’autoévaluation sont plébiscités par Gilles Bonnefond, président de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO). « Cela n’entre pas en concurrence avec ce qui se fait déjà en termes de qualité, c’est un complément fait pour et par des pharmaciens, une boîte à outils actualisée en permanence dont l’objectif ambitieux est d’engager 100 % des pharmaciens. » Une démarche d’autant plus incontournable que « le métier de pharmacien se complexifie avec de nouvelles missions », note Alain Grollaud, président de la chambre syndicale des groupements et enseignes de pharmacie FEDERGY. « Or, la qualité n’est pas une option mais une nécessité », ajoute-t-il en appelant les pharmaciens à s’auto-évaluer une à deux fois par an et à « fédérer l’équipe officinale autour de ce projet ». Sans oublier d’y associer les étudiants. « Les jeunes pharmaciens sont formés à la démarche qualité au cours de leurs études », rappelle Antoine Leroyer, président de l’Association nationale des étudiants en pharmacie de France (ANEPF). Un atout pour les maîtres de stage qui souhaitent se lancer et mettre à profit les compétences des plus jeunes.
Une fois n’est pas coutume, toute la profession est unie autour de ce projet. « Le Haut Comité qualité à l'officine sera là pour accompagner et pour ne laisser personne au bord de la route, conclut, Carine Wolf-Thal. Les pharmaciens sont remarquables, ils l’ont démontré pendant la crise, ils relèveront le défi de la qualité. »
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