Sous les boîtes de compresses renversées, voire éventrées, Gisèle trouve deux bouteilles de bière vides.
- En plus de tout saccager, ils ont bu à notre santé, s’exclame l’hôtesse d’accueil.
Près d’elle, Karine la regarde tristement. Elle ressent le contrecoup de l’événement. Sans rien dire, elle ramasse les papiers éparpillés dans le bureau. Le téléphone sonne.
- Allô ? Bonjour Capitaine Mareau. J’ai été plus en forme… Comment ? Oui bien sûr, je passerai en fin de matinée pour signer ma plainte. Pardon ? Oui, nous faisons le nécessaire pour déclarer cet acte de violence au sein de notre Ordre.
Dans l’espace de dispensation, Théo est questionné par Madame Chapovski :
- Ils étaient combien ? Il n’y a pas de blessés ?
- Je ne sais pas Madame. Nous avons été prévenus par notre système d’alarme. Heureusement, les voleurs avaient déjà filé quand nous sommes arrivés.
- Jeune homme, nous ne sommes plus en sécurité nulle part… En tout cas, l’année commence mal pour vous. D’ailleurs, je n’ai pas eu mon calendrier. Vous en avez encore ? demande la fidèle cliente.
« On se fait cambrioler et tout ce qu’elle veut, c’est son calendrier ! », songe le jeune pharmacien.
Au comptoir d’à côté, Marion écoute attentivement ce que son patient lui confie :
- Tout est allé très vite. Elle s’est sentie mal dans la nuit de mercredi à jeudi. Une heure après, elle était partie, sanglote l’homme en triturant sa casquette.
- Monsieur Maurice, je suis désolé. Toutes mes condoléances.
Le décès brutal de Madame Maurice est le cinquième d’une série qui s’allonge d’heure en heure, comme si une épidémie fatale touchait la patientèle de la Pharmacie du Marché.
À l’annonce de ce nouveau décès, Karine ne peut pas retenir ses larmes.
- Karine, il faudrait te reposer, dit gentiment sa consœur.
- Tu as raison. Je resterai à la maison cet après-midi. Avant cela, il faut que je rappelle l’assurance. Et ensuite, J-C et moi devons nous rendre au commissariat.
À l’hôtel de police, le capitaine Mareau accueille les titulaires associés de la Pharmacie du Marché. Après avoir fait valider et signer tous les documents administratifs, l’officier de gendarmerie fait entrer un inconnu dans le bureau.
- Je vous présente le capitaine Kevelec. Il est responsable de la sûreté dans notre territoire. Je ne sais pas si vous le savez mais toute entreprise, dont les pharmacies, peuvent faire appel à ce service spécial de la gendarmerie.
- Bonjour Madame Dupré, bonjour Monsieur Pontignac. Effectivement, notre mission est d’accompagner les entreprises à s’équiper contre les actes de malveillance. C’est de la prévention en quelque sorte. Nous intervenons gratuitement. Ce service déployé à la demande de la préfecture est malheureusement mal connu et on se demandait, avec le capitaine Mareau, comment mieux en informer les pharmaciens.
- Pour nous, c’est trop tard…, réplique J-C d’un ton désespéré.
- Il n’est jamais trop tard. Est-ce qu’il serait possible d’organiser une réunion d’information avec les autres pharmaciens du secteur ?
- Il faudrait passer par la chambre syndicale, dit Karine très intéressée. Tous les confrères savent déjà que nous avons été cambriolés. Beaucoup d’entre eux sont solidaires, mais également très inquiets.
(À suivre…)
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