Dans son Baromètre 2024 de l'attractivité de la France pour les entreprises du médicament, le Leem s’inquiète du déclassement de la France et de l’allongement des délais d’accès aux médicaments. Il appelle les autorités à mettre en œuvre un choc de simplification du secteur et à réduire la pression budgétaire.
De plus en plus distancée par ses voisins, la France peut-elle retrouver sa place de leader industriel de la santé en Europe ? Pour le Leem, la réponse est « oui, mais sous conditions ». En effet, la situation ne s’est pas améliorée depuis l’année dernière et la disponibilité des médicaments reste un problème : « 37 % des nouveaux médicaments autorisés en Europe entre 2019 et 2022 n’étaient toujours pas disponibles en France au 31 décembre 2023, contre 12 % seulement en Allemagne », constate le cabinet Roland Berger, auteur du Baromètre de l'attractivité de la France pour les entreprises du médicament.
Les délais de mise sur le marché se sont également allongés, avec 527 jours en moyenne en 2023 contre 508 jours en 2022. Résultat, les patients français ont accès aux nouveaux médicaments 401 jours après les Allemands, 180 jours après les Anglais et 103 jours après les Italiens.
Si le dispositif d’accès précoce permet de réduire ces délais, il est encore trop limité et ne concerne que 22 % des médicaments ayant reçu une autorisation de mise sur le marché (AMM) entre 2019 et 2022. La faute à une instabilité réglementaire chronique : « En 8 ans, les modalités d'accès précoce ont été modifiées 7 fois et la clause de sauvegarde 8 fois », constate le baromètre, qui note que depuis sa mise en place en 2021, l’accès précoce n’a concerné que 100 000 patients, alors que 13 millions de Français souffrant d’affections de longue durée pourraient en bénéficier…
Par ailleurs, la très forte fiscalité française, avec une taxation de 60 % sur le résultat de l’industrie pharmaceutique et des prix en moyenne 10 % inférieurs à ceux des pays européens comparables, aggraverait la situation. La balance commerciale de la France dans l'industrie pharmaceutique a ainsi été divisée par huit entre 2022 et 2023. À titre de comparaison, l’Allemagne, dont la fiscalité spécifique au médicament est deux fois moins élevée, présente un solde commercial 60 fois supérieur à celui de la France. Au niveau de la production de médicaments, moins d’1 nouveau médicament sur 10 est produit en France, contre 1 sur 4 en Allemagne.
Pour autant, le bilan n’est pas entièrement négatif. Le baromètre mentionne la hausse des investissements R&D (à 5,9 milliards en 2023, +3 % par rapport à 2020) et une dynamique de l’emploi positive (+2,7 %). De plus, l’Hexagone reste en 3e place européenne en matière de participation à des essais cliniques, derrière l’Espagne et l’Allemagne.
Pour le Leem, la mise en place « d’une régulation propice aux investissements, à la réindustrialisation et à la souveraineté sanitaire » est la condition sine qua non au retour de la France en tant que puissance industrielle du médicament. Il préconise notamment un « choc de simplification » du secteur, avec une accélération de la recherche clinique, la suppression des procédures superflues de l’accès au marché et une optimisation des dispositifs d’accès direct et d’accès précoce. En outre, le Leem appelle à une modification de l'assiette de la clause de sauvegarde dès 2025, en lui fixant une trajectoire de décroissance pour atteindre moins de 500 millions d’euros en 2027. Ces mesures suffiront-elles ? Le Leem, qui formulera en septembre l’ensemble de ses recommandations pour le PLFSS 2025, semble en tout cas y croire.
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