Une diversification alimentaire tardive chez l'enfant entraînerait une hausse des risques d'allergie, selon une étude épidémiologique française issue de la cohorte ELFE (Étude longitudinale française depuis l’enfance) publiée jeudi 27 juillet 2023 dans la revue « Allergy ».
« Ces travaux confirment l’importance de ne pas retarder l’introduction des allergènes alimentaires majeurs pour prévenir la survenue des maladies allergiques dans l’enfance », commente l'Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (INRAE), qui a piloté cette étude en collaboration avec le Centre de recherche en épidémiologie et statistiques (CRESS), l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (INSERM), l'Institut national d'études démographiques (INED), l'Université Paris Cité et le Centre Hospitalier Régional Universitaire de Nancy.
Une équipe de scientifiques participant à l'étude ELFE (Étude longitudinale française depuis l’enfance) étudie le lien entre les pratiques de diversification alimentaire et les maladies allergiques chez les enfants français. Pour y parvenir, les chercheurs se sont basés sur les résultats d'observation de 6 662 enfants n’ayant présenté aucune manifestation allergique avant l’âge de 2 mois.
Les données d'alimentation de ces enfants ont été collectées mensuellement de 3 à 10 mois après leur naissance. Forts de ces données, les chercheurs ont calculé leur âge à l’initiation de la diversification alimentaire et établi un « score de diversité alimentaire ultérieur à 8 et 10 mois » basé notamment sur le nombre d’allergènes alimentaires majeurs (produits laitiers, œuf, blé et poisson) non introduits aux âges de 8 et 10 mois. Les pathologies allergiques (allergie alimentaire, eczéma, asthme et rhinoconjonctivite…) ont été rapportées par les parents à 2 mois, puis à 1 an, 2 ans, 3,5 ans et 5,5 ans.
Les scientifiques ont constaté que 62 % de ces enfants, seulement, ont débuté la diversification alimentaire sur la période recommandée, soit entre 4 et 6 mois. Les chercheurs ont ensuite étudié le lien entre l’introduction retardée des allergènes majeurs et le risque d’allergie alimentaire. Ils ont observé que pour 1 enfant sur 10, au moins 2 allergènes majeurs ne sont pas encore introduits dans l’alimentation à l’âge de 10 mois. Or, « ces mêmes enfants ont un risque 2 fois plus élevé de développer une allergie alimentaire avant l’âge de 5,5 ans que ceux pour lesquels les 4 allergènes considérés sont introduits avant l’âge de 10 mois », déclare l'INRAE.
Les parents ne doivent donc pas attendre trop longtemps avant d'introduire des allergènes dans l'alimentation de leurs enfants. Les recommandations actuelles préconisent cette diversification entre 4 et 6 mois après la naissance.
Lancée en 2011, l'étude ELFE (Étude longitudinale française depuis l’enfance) mobilise 150 chercheurs, qui suivent 18 000 enfants nés en France métropolitaine en 2011 (soit 1 enfant sur 50 parmi les naissances de cette année-là) pendant 20 ans, afin de mieux comprendre les facteurs, de la période intra-utérine à l’adolescence, qui influencent leur développement, leur santé, leur socialisation et leur parcours scolaire. L’influence de l’alimentation en début de vie sur la santé et la croissance de l’enfant en est un des nombreux axes de recherche.
En 2022, l'étude ELFE révélait que 5,94 % des enfants de moins de 5,5 ans étaient concernés par un diagnostic d’allergie alimentaire, ce qui comprend aussi bien les allergènes majeurs que les allergènes émergents.
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