- Pour aller à la salle des thèses ? Vous prenez l’ascenseur et le couloir de gauche, explique le concierge de la faculté.
- Dépêchons-nous. Ça doit commencer dans cinq minutes, dit J-C en regardant sa montre connectée.
Derrière lui, Alice, Karine et Christèle pressent le pas.
- La dernière fois que je suis venue ici, c’était pour la thèse de Julien. Il y a trois ans, dit Karine dans l’ascenseur.
Lorsque les portes s’ouvrent, la petite équipe se dirige vers la salle, devant laquelle Baptiste les attend.
- Nous sommes les derniers ? Désolé, un cas de dernière minute à gérer à la pharmacie, explique le titulaire.
- Vous êtes pile à l’heure. Un des membres du jury a un peu de retard, répond le meilleur ami de Théo.
À peine entrée, Christèle aperçoit Benjamin, le père du jeune pharmacien qu’elle connaît bien. La préparatrice était la meilleure amie de la mère de Théo jusqu’à sa disparition tragique au cours d’une sortie en plongée (cf. Épisode 144).
Théo, habillé d’une chemise bleu ciel, et d’un costume sombre, est nerveux. Il vérifie une dernière fois ses notes.
Quand le jury entre dans la salle, Karine murmure à Alice :
- Dis donc, il est encore là lui ? Je l’avais déjà comme enseignant à l’époque.
La jeune fille rit doucement :
- Normalement, il part à la retraite cette année.
Le président du jury ouvre la séance et invite Théo à commencer sa présentation. Ce dernier a choisi de décrire les travaux menés en Suisse sur l’intérêt de confier la vaccination aux pharmaciens d’officine. Après quelques minutes, les membres du jury posent leurs questions. L’un d’entre eux prend la parole :
- J’ai lu attentivement votre travail et certains passages sont particulièrement bien présentés. J’ai noté une petite coquille en page 19, mais ce n’est rien du tout. Un « s » passé à la trappe.
- C’est la traditionnelle remarque du membre du jury qui a lu la thèse en diagonale, mais qui est tombé comme par hasard sur la seule faute d’orthographe, marmonne J-C à sa voisine.
- Quelque chose qui me chiffonne. Non pas dans votre thèse, dont l’exposé est très clair, mais dans la pratique de la vaccination à l’officine. Savez-vous quel est le taux d’événements indésirables suite à une injection par un pharmacien versus un médecin ?
Celui qui pose la question est un médecin qui enseigne la virologie. Théo lui a demandé d’être dans son jury parce qu’il l’apprécie beaucoup.
- Ouh, la question qui tue !, dit sans retenue Christèle.
Le jeune homme ne se laisse pas démonter. Il avait même anticipé cette question.
- J’ai recherché cette donnée, mais les requêtes en pharmacovigilance portant sur les vaccins ne permettent pas de différencier les effecteurs. Autrement dit, on ne sait pas qui a injecté le vaccin. On sait en revanche la qualité du prescripteur. Pour le moment, nous n’avons pas assez de recul pour identifier ou écarter un risque en cas de prescription de vaccin par le pharmacien, puisque cette compétence n’est autorisée que depuis quelques mois ; mais il sera intéressant d’évaluer cette donnée dans un ou deux ans.
Le médecin affiche un large sourire, tout comme les titulaires de la Pharmacie du Marché, fiers de celui qu’ils ont formé.
Lors du buffet qui suit la soutenance, Karine et J-C s’empressent d’aller féliciter le tout jeune docteur en pharmacie Théo.
(à suivre…)
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