DESTINÉE initialement à lutter contre le taux élevé d’échec en première année de médecine, la réforme instituant une première année commune aux études de santé (PACES) n’a pas atteint ses objectifs. C’est le constat dressé par les associations d’étudiants en santé, rassemblées au sein de la FAGE, qui ont mené l’enquête dans les 38 universités concernées. Elles ont relevé de nombreux dysfonctionnements en première année : programmes surchargés au premier semestre, réduction, voire suppression, d’enseignements dirigés, sureffectifs dans les groupes de travaux dirigés, absence de passerelles de réorientation, etc. Pour l’association nationale des étudiants en pharmacie de France (ANEPF), « nous sommes passés d’une année de formation à une année de sélection pure ». Le président de la conférence des doyens de pharmacie, Dominique Porquet, reconnaît lui-même que le bilan de la réforme était « plutôt négatif ». Plus inquiétant encore, la filière pharmacie a particulièrement souffert de la réforme : les étudiants ayant le choix entre quatre concours, ils ont préféré s’inscrire à celui de médecine, au détriment de la pharmacie. Pour Florentin Normand, président de l’ANEPF jusqu’en octobre 2011 et pour Louis Laronche, son successeur, « les étudiants en pharmacie sont les grands perdants de la réforme ».
Valérie Pécresse, ancienne ministre de l’Enseignement et de la Recherche, temporise. Elle indique pour sa part au « Quotidien » que « la réforme en est au stade du rodage et de l’analyse critique » (voir notre édition du 16 juin 2011). Elle admet cependant qu’il faudrait « encore apporter certaines améliorations », notamment en « aménageant les modalités d’organisation des enseignements et du contrôle des connaissances », en répartissant de façon plus équilibrée les enseignements entre les deux semestres et en augmentant le temps accordé aux révisions.
Dans certaines facultés, ces aménagements ont été apportés dès la rentrée 2011. « Cependant, la réduction du nombre d’heures de cours est diversement appliquée selon les facs », explique Florentin Normand lors du congrès de l’ANEPF. Par ailleurs, les étudiants proposent plusieurs mesures afin de pallier le manque d’attractivité de la filière pharmacie : programmer l’unité d’enseignement sur le médicament (UE6) au premier semestre plutôt qu’au second, afin de la faire découvrir aux étudiants avant les inscriptions aux concours et promouvoir la profession de pharmacien au premier semestre. Des propositions entendues par certaines universités mais, là encore, diversement appliquées à la rentrée 2011. « Nous avons avancé un peu, mais pas autant que nous l’aurions voulu », regrette Florentin Normand. L’enquête du ministère de l’Enseignement supérieur sur la PACES, dont les résultats n’ont pas été rendus publics, a d’ailleurs largement déçu les étudiants. « Tout comme nous, elle met en évidence la lourdeur des programmes, l’hétérogénéité majeure des calendriers entre les facultés, ainsi que les effectifs trop importants en ED », note la FAGE. Cependant, elle regrette « la faiblesse des actions envisagées par le ministère pour combler ces lacunes ».
De son côté, l’ANEPF menace d’ailleurs d’« envisager une sortie du dispositif pour la filière pharmacie, si les objectifs de la réforme ne sont toujours pas atteints d’ici à l’année prochaine ».
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