Le Quotidien du pharmacien.- Que pensez-vous de la possibilité que les pharmaciens ont de prescrire des vaccins ?
Pr Daniel Floret.- Je milite pour cela depuis des années. Le pharmacien est un professionnel de santé dont les études lui apportent tout ce qu’il est nécessaire de savoir sur les vaccins. Je ne vois pas pourquoi il ne pourrait pas les prescrire ni les administrer, d’autant que cette possibilité simplifie grandement le parcours vaccinal !
Était-ce important de modifier la cible vaccinale des pharmaciens de 16 ans à 11 ans ?
Très important. La Haute Autorité de santé s’était même prononcée pour que le pharmacien prescrive et administre les vaccins à partir de 2 ans. Nous avons en effet estimé qu’avant 2 ans, la vaccination devait rester dans le giron du médecin car elle s’inscrivait dans un contexte de suivi, notamment de la croissance, de l’alimentation, du développement psychomoteur. Et qu’ensuite, après l’âge de deux ans, il s’agissait essentiellement de rappels. Mais les pharmaciens n’étaient pas très enthousiastes à l’idée de vacciner les enfants si jeunes, et donc un compromis a été trouvé en proposant l’âge de 11 ans. Ce qui est très bien car il y a, à cet âge, un rappel DTCP ainsi que la vaccination HPV.
Une campagne de vaccination HPV est en cours au collège… Était-il nécessaire que les pharmaciens puissent aussi la proposer ?
Il est judicieux de proposer cette vaccination, gratuitement, au collège, mais aussi de laisser la possibilité aux familles de faire vacciner leur enfant par le professionnel de santé de leur choix, dont le pharmacien fait partie. Soulignons aussi que la campagne dans les collèges peut poser un problème aux familles qui ont besoin de se renseigner sur la vaccination HPV, son intérêt, son efficacité. Ils pourront alors se tourner vers ce professionnel de santé pour obtenir des réponses.
Pensez-vous que la prescription vaccinale en pharmacie va améliorer les couvertures vaccinales ?
C’est le but, notamment pour certaines vaccinations comme celle contre l’HPV, les rattrapages, la rougeole et les rappels chez l’adulte, qui sont peu effectués. Toutefois, il faut rester modérément optimiste : pour la grippe, par exemple, on a observé beaucoup de vaccinations en pharmacie sans que la couverture vaccinale n’ait beaucoup évolué : il y a eu essentiellement un transfert de vaccination vers la pharmacie.
Faut-il aller plus loin ? Ouvrir la prescription vaccinale à d’autres vaccins, notamment à ceux du voyage ?
Je ne suis pas pour une ouverture à la vaccination du voyageur car elle nécessite une vraie expertise médicale, en prenant en compte les antécédents et le statut vaccinal de la personne, mais aussi la durée et le type de séjour (ville ou brousse), la saison du voyage, les épidémies en cours dans le pays visité… Ce type d’expertise est à faire dans les centres de vaccination du voyage qui sont par ailleurs seuls habilités à administrer le vaccin contre la fièvre Jaune.
Le Pr Daniel Floret intervient dans la formation validante à la prescription vaccinale « Booster la vaccination en 2023 », qui se déroule durant les Entretiens de Galien (jeudi 19 octobre à l'académie de Lyon, rue Bellecordière, et classes virtuelles les 9, 23 et 30 novembre).
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