Confrontées à une situation inédite, de nombreuses pharmacies ont dû composer avec l'absence de plusieurs membres de l'équipe officinale, malades ou contraints de rester à la maison pour garder leurs enfants. Grâce à la plateforme Pharm'Help, certains titulaires ont pu bénéficier du renfort d'un étudiant.
C'est par ce moyen que Léa Contamin est venue travailler dans une pharmacie de Tulle, en Corrèze. Une officine qui se trouvait en sous-effectif et a ressenti un vif soulagement lorsque l'étudiante en 4e année à l'université de Limoges est arrivée le 20 mars dernier. « Rester sans rien faire était inconcevable pour moi. Je m'occupe de gérer les stocks et les factures en attente et je passe beaucoup de temps derrière le comptoir. On reçoit des gens stressés, parfois en pleurs, qui ont parfois perdu des membres de leur famille… ». Léa Contamin a notamment été marquée par une patiente, dont le père et la fille, atteints du Covid-19, se trouvaient alors en réanimation à l'hôpital. « Il a fallu faire un gros travail psychologique, on a pris le temps de discuter avec elle autour d'un café. À l'université, nous n'avons pas de cours pour nous apprendre à gérer ce type de situation, souligne-t-elle. Au cours de mes précédentes expériences en officine, j'avais déjà été amenée à accompagner des patients dans des situations difficiles, notamment ceux qui viennent d'apprendre qu'ils ont un cancer. En ce moment, des gens angoissés on en voit tous les jours, mais c'est une mission qui me plaît car on sent que ce que l'on fait est utile et important pour eux. ». Alors que son contrat arrivait à son terme, elle a décidé de rester pour trois semaines supplémentaires.
Distribution de kits de dépistage aux soignants
Inscrit en 5e année à l'université Paris-Descartes, Jesse Butruille a débuté début mars un stage à l'hôpital Tenon en tant qu'étudiant faisant fonction d'interne (FFI). « Je travaille actuellement plus de 48 heures par semaine. Pendant les gardes la nuit et le week-end, toute mon activité est dirigée vers les patients Covid + Tous les projets que j'avais commencé ont dû être abandonnés, explique-t-il. On a dit à beaucoup d'externes de ne pas venir, mais je trouvais important d'être acteur en cette période. J'essaie de soulager la charge de travail des internes, je suis amené à gérer les stocks de médicaments, ce qui nécessite une attention toute particulière en ce moment. Avec cette expérience, je me rends encore davantage compte de la fragilité de notre système de santé », estime l'étudiant parisien. À Nantes, Nicolas Roussin, lui aussi étudiant en 5e année, a décidé de s'inscrire sur la liste des volontaires après l'annulation du stage qu'il devait effectuer à l'hôpital. Avec trois autres externes, il distribue devant l'entrée d'un laboratoire de virologie des kits de prélèvement aux soignants. « Ce sont essentiellement des infirmières qui en ont bénéficié pour le moment. Nous sommes placés dans un bureau à l'entrée du bâtiment, cela leur permet de les récupérer rapidement. » Une mission que l'étudiant nantais pourrait mener jusqu'à la fin de l'épidémie car elle permet à des soignants très sollicités de gagner un temps précieux.
Mobilisés en officine, dans les CHU ou dans les laboratoires, les étudiants en pharmacie ont également été mis à contribution pour garder les enfants des soignants, pour préparer des solutions hydroalcooliques, pour prêter main-forte aux EHPAD, ou encore pour réguler les appels reçus par les plateformes du SAMU. Un soutien aux formes multiples qui restera dans la mémoire de ces étudiants et de tous ceux qu'ils ont aidés.
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