AUJOURD’HUI, le dossier pharmaceutique est une réalité dans 18 pharmacies pédagogiques, réparties dans les universités. Grâce à un serveur dédié par le Conseil national de l’Ordre des pharmaciens (CNOP), les étudiants peuvent connecter des cartes Vitale tests, qui leur permettent de simuler les actions du DP. « Nous préparons les enseignements en créant des dispensations patients avec des prescriptions, autour de cas de comptoir, et de jeux de rôles afin de montrer les interactions entre deux prescriptions », décrypte Brigitte Vennat, coresponsable de la filière officine à la faculté de Clermont-Ferrand et responsable des stages officinaux. « Nous leur parlons également de l’intérêt de ce système pendant les gardes, ou pour faciliter les dépannages, de la possibilité de recevoir des alertes lors de retrait de lots, d’actions à mener, par exemple en ce moment avec le Médiator », ajoute Sébastien Zanetti, enseignant associé responsable de la pharmacie pédagogique à la faculté de Lille.
En effet, si le cap des 10 millions de dossiers pharmaceutiques est passé, il reste encore beaucoup de travail à faire. Le taux d’automédication reste très fort, avec notamment 12 % des personnes âgées qui utilisent des remèdes sans ordonnance ni avis médical. Dans ce contexte, les futurs pharmaciens doivent assurer une mission d’éducation, pour expliquer aux patients que renseigner le DP est un excellent moyen de lutte contre l’iatrogénie, l’interaction médicamenteuse, et, donc, d’éventuelles hospitalisations. De leur côté, les étudiants découvrent avec intérêt ce nouvel outil : « Ils me disent que cela leur permet de détecter certains éléments qu’ils ne connaissaient pas sur leur patient – allergies, antécédents médicaux – et que cela sécurise la dispensation. Nous travaillons donc l’argumentaire qu’ils devront utiliser pour proposer aux patients d’ouvrir un DP ou de bien le compléter », analyse Brigitte Vennat.
Préparer son rôle d’acteur de santé.
Un discours bien rôdé en faculté qui implique de préciser que le DP est un outil de santé publique prévoyant la sécurité des données personnelles, et de remettre au patient la plaquette du CNOP qui explique concrètement les avantages de l’outil validé par la Comission nationale informatique et liberté (CNIL). Sans oublier de rassurer les patients qui plaident la fidélité : les sujets âgés séjournent parfois chez leurs enfants et changent d’officine. Les étudiants apprennent à leur rappeler qu’ainsi, en toutes circonstances, ils bénéficient de la sécurité apportée par le DP.
À Lille, à partir de l’année universitaire 2011, les cinquièmes années vont réaliser une série de cas de comptoirs avec mise en situation réelle et manipulation directe du dossier : chaque binôme d’étudiants a son propre comptoir d’officine avec un poste informatique équipé de trois logiciels (Winpharma, LGPI et Alliance-premium), ils ont des CPS et des cartes vitales. « Nous avons créé une série de cas de comptoir "DP" à travers lesquels ils vont, pour chaque logiciel, créer, éditer, alimenter, mettre un commentaire sur une délivrance inscrite dans le DP, explique Sébastien Zanetti. Ils vont aussi apprendre à détecter des interactions qu’ils ne verraient pas si le DP n’était pas activé. Ou encore expérimenter le cas d’un patient asthmatique qui consomme trop de Ventoline, fait visible par de multiples délivrances sur le DP, ce qui incite à engager un dialogue approfondi avec lui pour l’orienter vers le médecin, afin de vérifier qu’il n’y a pas de dégradation de son état asthmatique. »
Du côté des étudiants, on apprécie la spontanéité de l’outil et sa technicité : « Travailler avec le DP leur paraît une évidence, car cet outil est une sécurité qui permet de lever les interactions médicamenteuses et les contre-indications physiopathologiques ainsi que les redondances de traitements. Ils sont aussi conscients que cela leur permet de préparer leur rôle d’acteur de santé publique », conclut Brigitte Vennat.
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