UNE CLIENTE vient à l’officine pour son père âgé de 65 ans. Sur l’ordonnance, deux antihistaminiques, deux corticoïdes, l’un en comprimés, l’autre en application locale, pour traiter un urticaire. En consultant le dossier pharmaceutique du patient, on trouve aussi des antipsychotiques, un anxiolytique, un laxatif. Un autre déconstipant est demandé car le premier ne semble pas efficace. Cette scène de la vie officinale est la trame du scénario élaboré pour le concours de dispensation d’ordonnance en faculté, le troisième du nom. Au même moment, dans toute la France, les étudiants de 15 facultés de pharmacie ont commenté cette ordonnance. Ils étaient filmés au cours de cette épreuve d’une durée maximale de 10 minutes, qui se tenait dans les officines factices installées au sein des facultés. Les candidats ont souvent été encouragés dans leur démarche par leurs titulaires maîtres de stage. Figurant dans le trio gagnant, Perrine Bertin et Aurélie Yeche, respectivement étudiantes à Reims et Montpellier, se sont distinguées par un discours clair et argumenté au comptoir. Mais c’est Vincent Jauffret, en 6e année à la fac de Rennes, qui a été désigné par le jury regroupant l’APPEX (association pour la promotion des pharmacies expérimentales), le Collège des conseillers et maîtres de stage, ainsi que les sections A et D de l’Ordre national des pharmaciens.
Renouveau et dynamisme.
C’est dans ses locaux que le palmarès a été dévoilé, vendredi dernier, par la présidente Isabelle Adenot. On le voit sur la vidéo projetée pour l’occasion. Jetant un coup d’œil au Vidal, Vincent débusque les interactions, s’inquiète d’éventuels troubles prostatiques, propose de remplacer une molécule par une autre, en prenant contact avec le prescripteur.
« Je suis ravi d’avoir gagné ce prix. C’était inattendu. Mais j’avais un atout, je m’intéresse de près à la gériatrie », confie au « Quotidien » le jeune rennais, absent lors de la remise de la récompense. Celle-ci le rassure sur ses capacités, à l’heure où il devient pharmacien de plein exercice. « Vous insufflez un renouveau, un dynamisme. L’avenir de la profession est entre bonnes mains », s’est félicité la présidente de l’Ordre. Au cœur du métier officinal, « la dispensation d’une ordonnance n’est pas un simple échange marchand. Elle demande un juste questionnement, de la disponibilité, parfois des paroles encourageantes et toujours un sourire », a t-elle affirmé. Évoquant ces médecins qui appellent leurs confrères à refuser le renouvellement d’ordonnances par un pharmacien dans certains cas, Isabelle Adenot estime « inadmissible de monter les professionnels de santé les uns contre les autres. » L’exercice de la pharmacie, « seul dans son coin, c’est révolu ! », a lancé la présidente de l’Ordre aux jeunes confrères.
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