Serpent de mer qui ressurgit régulièrement dans l’écume de l’actualité, la réforme de l’orthographe a toujours suscité des débats passionnés (voir la chronique de Richard Liscia du 8 février) entre « conservateurs » et tenants de la simplification.
Interrogé sur le sujet par « Le Figaro », en 1990 (date de la réforme appliquée seulement aujourd’hui), l’écrivain Michel Tournier, décédé il y a quelques semaines, plaidait pour la liberté d’usage de la langue française. « L’orthographe, disait-il, n’est que la façon dont chacun écrit le français. » Et il proposait « quelques réformes personnelles », comme d’écrire pharmacie avec un f. « J’ai été élevé dans une pharmacie par un grand-père pharmacien et photographe, et j’ai moi-même suivi des études de philosophie. Je suis contre le ph, lettre bizarre qui ressemble beaucoup moins au phi grec que le f, et qui fait trop chimique : voyez « phosphore ». Je préfère le f des Italiens et des Espagnols. »
Alors, faudra-t-il modifier toutes les façades de nos officines pour remplacer pharmacie par farmacie ? Non, puisque l’Académie a seulement décidé de retirer le ph à nénufar (ne plus écrire nénuphar), ce qui est d’ailleurs plus juste étymologiquement. Michel Tournier, le magicien des mots, n’a pas été entendu et les pharmacies garderont leur ph.
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