« IL FAUT plus de vingt millions de dollars, nous les avons presque, nous y arriverons. » Star mondiale des mathématiques, médaille Fields l’an dernier (l’équivalent du Nobel pour les maths), Cédric Villani, professeur à l’École normale supérieure de Lyon et directeur à Paris de l’institut Henri-Poincaré, a été l’hôte d’honneur de la 10e conférence des doyens de facultés de pharmacie francophones (CIDPHARMEF). Ce chercheur et enseignant atypique, le plus connu des mathématiciens français dans le monde, est convaincu que « l’excellence n’est pas qu’au Nord », et que le « Sud, lui aussi, sera bientôt dans le peloton de tête des avancées scientifiques ». En se battant aux côtés de l’UNESCO, avec l’aide de nombreux pays, du Canada notamment, et de fondations privées (Google), pour la construction d’un Institut international de mathématiques près de Dakar, au Sénégal, ce chercheur quadragénaire à l’enthousiasme communicatif a convaincu les doyens de cette conférence de la pertinence de son intuition : certes, aujourd’hui, l’Afrique souffre d’un manque criant de bacheliers dans les filières scientifiques, et beaucoup reste à bâtir pour qu’un socle éducatif de base assure une génération de futurs chercheurs de pointe. « Mais nous travaillons à vingt ans », lance-t-il. Deux facteurs fondent son optimisme : d’abord, le projet qui va aboutir bientôt concerne dix-huit pays d’Afrique, c’est une région tout entière du continent qui sera ainsi irriguée. Ensuite, une pédagogie spécialement adaptée (ateliers de résolution de problèmes) y sera, selon lui, gage de réussite. Les mathématiques sont à la base de la plupart des avancées technologiques récentes, conclut Cédric Villani. « Je suis certain que dans moins de deux décennies des chercheurs africains nous donneront des leçons ! »
Sécuriser les prescriptions au Maroc.
30 % des quelque 11 000 officines marocaines sont actuellement menacées de dépôt de bilan, rappelle le Pr Yahya Bensouda, professeur à la faculté de pharmacie de Rabat, qui assure chaque année des promotions d’une cinquantaine de professionnels. Une situation qui n’est pas sans parenté avec la conjoncture française.
Comment, dans ce contexte de crise larvée qui illustre à quel point il y a « inadéquation entre la formation et les besoins concrets de la société marocaine », inventer les solutions académiques susceptibles d’améliorer à terme le métier de base du pharmacien, c’est-à-dire « la dispensation du médicament », s’interroge l’enseignant ? En infléchissant les programmes pour les plier à la définition canadienne d’une « formation pharmaceutique idéale » : offrir à l’étudiant des programmes ajustés qui lui permettront, une fois en activité, « d’agir en compétent dans les différentes situations de vie professionnelle ».
Pays en développement au système de santé encore déficient par maints aspects, le Maroc vient tout juste de doter son système hospitalier public de pharmaciens (environ 200), qui vont renforcer la sécurisation de la chaîne du médicament dans les plus grands établissements de santé. Mais comment, en ville, pour la population, au quotidien, l’officine pourra-t-elle prétendre pérenniser sa « mission première de sécurisation des prescriptions ? » Une recherche menée localement, portant sur l’analyse de 1 500 prescriptions médicales vient de montrer un taux de 4 % de contre-indication, précise le Pr Bensouda. À ses yeux, la clef de l’avenir, à l’étude actuellement, serait la création d’un Observatoire des analyses des prescriptions : à partir des résultats obtenus à plus grande échelle, la faculté pourrait adapter ses programmes et impérativement recentrer tous ses enseignements sur cette mission professionnelle fondamentale. Il suggère même, mais on n’en est pas encore là, que cette mission d’analyse et de sécurisation des prescriptions soit spécifiquement rémunérée à l’officinal.
Harmonisations des formations et des diplômes en Afrique de l’Ouest.
Un autre exemple des outils à l’œuvre pour tenter d’adapter en permanence les formations des professionnels de santé aux besoins du terrain est celui de l’Afrique de l’Ouest, où une quinzaine de pays francophones et anglophones achèvent actuellement l’harmonisation des enseignements et des diplômes de médecin, biologiste et pharmacien. Comme l’explique le Pr Mamadou Sawadogo, doyen de la faculté de pharmacie de Ouagadougou (Burkina Faso), l’ensemble des facultés de cette région du continent ont accepté il y a plusieurs années de procéder à l’harmonisation progressive de leurs programmes, dans un double objectif : améliorer l’efficience des enseignements pour mieux lutter contre certaines pathologies communes, notamment les maladies infectieuses, et faciliter la mobilité des professionnels, pour mieux répondre aux besoins sanitaires locaux. « Un pharmacien malien ou sénégalais peut désormais s’installer plus facilement au Burkina Faso, par exemple », conclut le Pr Sawadogo.
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