IL Y A QUELQUES jours, les étudiants en première année de pharmacie découvraient les bancs de la faculté. Pour la dernière fois, les amphis seront uniquement remplis de potards. Car la L1 santé, c’est pour l’année prochaine. À la rentrée 2010, les étudiants en pharmacie fréquenteront les mêmes cours que leurs camarades de médecine, de maïeutique ou de dentaire. Les enseignements seront communs et chaque étudiant pourra passer un ou plusieurs concours (jusqu’à quatre), un numerus clausus étant maintenu dans chaque profession. Des passerelles permettant aux étudiants de se réorienter seront également mises en place. À travers cette réforme, le gouvernement souhaite en effet lutter contre l’échec dans les filières santé. Car les taux de recalés sont impressionnants : 80 % en médecine et 72 % en pharmacie.
Cependant, toutes les modalités pratiques ne sont pas encore calées, notamment en matière de réorientation des candidats malheureux. Tout cela doit être réglé par des décrets dont on attend toujours la publication. Mais les étudiants restent dans l’expectative. Car « sur nombre de questions délicates, le ministère se retranche derrière la loi LRU* et renvoie la balle aux universités », observe Mickaël Groult, président de l’Association nationale des étudiants en pharmacie de France (ANEPF) qui tenait son assemblée générale le week-end dernier à Lille.
Une baisse des effectifs.
Selon lui, l’année universitaire qui commence est un peu particulière, surtout pour ses camarades entrant en première année. « Il y a encore de nombreuses interrogations et les étudiants se demandent dans quelles conditions ils pourront s’inscrire ou non en L1 santé l’an prochain », s’ils venaient à redoubler, rapporte Mickaël Groult.
Certains auraient même fait l’impasse sur cette année pour entrer directement en L1 santé en 2010. D’autres auraient préféré opter pour la filière médicale. En effet, explique le président de l’ANEPF, le programme du futur cursus de première année va ressembler à celui enseigné actuellement dans les facs de médecine. En cas d’échec, les étudiants pensent ainsi être mieux préparés à la L1 santé. Résultat, constate Mickaël Groult, le nombre d’étudiants en première année de médecine a augmenté, tandis que celui des étudiants en pharmacie a chuté.
À Châtenay-Malabry (Paris-XI), la baisse des inscriptions atteindrait même 14 % par rapport à la rentrée 2008.
Vigilance pour l’avenir.
Quoi qu’il en soit, cette L1 santé n’est pas la seule responsable de la diminution des candidats au concours de pharmacie. Les attaques contre la profession y sont également pour beaucoup, analyse le président de l’ANEPF, qui en appelle à l’Ordre et aux doyens de facultés pour lancer un grand travail de communication afin de redorer tous les métiers de la pharmacie. Car le jeune homme garde espoir dans la voie qu’il a choisie. « Il ne faut pas perdre confiance, lance Mickaël Groult. La pharmacie a encore de nombreux débouchés et il est encore possible de faire de grandes carrières, même en officine. » Ce qui ne l’empêche pas de rester sur ses gardes. « Nous devons continuer à être vigilants quant à notre avenir et être prêt à nous mobiliser en cas de besoin », prévient-il.
Quoi qu’il en soit, même s’il s’est montré hostile à l’égard de la réforme de la première année de santé adoptée définitivement par le Parlement en juin, le président de l’ANEPF assure qu’il est désormais disposé à accompagner sa mise en place.
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