Onze cortèges ont sillonné aujourd'hui les principales villes de France à l'appel de l'Association nationale des étudiants de France (ANEPF) pour se mobiliser pour la réforme du troisième cycle des études de pharmacie.
À Paris dans la rue
A Paris, scandés sur l'air de YMCA ou sur le refrain de « Il était un petit navire », deux lettres et un chiffre « R3C » (pour réforme du troisième cycle) ont parcouru le cortège à travers le quartier latin, de la faculté de pharmacie de Paris V au ministère de la Santé. Au rythme de leur fanfare, plus d'un millier d'étudiants de deuxième à la sixième année de pharmacie, rejoints par les facultés d'Amiens (Somme) et de Rouen (Seine-Maritime), ont été très applaudis par les badauds. Aucun ne connaissait la signification de la R3C, mais tous ont été conquis par ce cortège de blouses blanches joyeuses, mais non moins déterminées.
Les étudiants étaient emmenés par des représentants la profession : Philippe Besset, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF), Sonia Jouve, vice-présidente de l'Union des syndicats de pharmaciens d'officine (USPO), Christophe Le Gall, président de l'Union nationale des pharmaciens de France (UNPF), Albin Dumas ancien président de l’Association des pharmacies rurale, Laurent Filoche, président de l'Union des groupements de pharmacies d'officine (UDGPO) et Alain Grollaud, président de Fédergy, la chambre syndicale des groupements et enseignes de pharmacie.
À Marseille
La mobilisation s'est également tenue à Marseille, plus timidement, où des étudiants ont brandi leurs pancartes demandant la réforme du troisième cycle, la R3C.
À Nancy sur le parvis de l'ARS
À Nancy, fortement soutenus par leurs enseignants et par tous les officinaux de la région, plus d'une centaine d'étudiants de la faculté de pharmacie ont passé l'après-midi sur le parvis de l'ARS du Grand Est. Tout en scandant des slogans exigeant l'application de la réforme du 3e cycle, ils ont interpellé les passants pour leur expliquer les enjeux de cette dernière, y compris pour l'avenir de leur propre santé.
S'ils n'étaient pas aussi nombreux qu'ils l'auraient souhaité (les étudiants de Reims ayant manifesté chez eux et ceux de Strasbourg ayant renoncé au déplacement à la dernière minute), les étudiants nancéens ont néanmoins donné de la voix pendant plus de deux heures, tandis qu'une délégation emmenée par le doyen de la faculté, le Pr Raphaël Duval, et les responsables syndicaux lorrains était reçue à l'agence régionale de santé (ARS). Ils y ont rappelé que « la réforme doit donner envie aux jeunes de s'installer » et que l'avenir de la pharmacie passe par l'amélioration de leurs conditions d'études, que ce soit en matière de rémunération des stages ou d'organisation de ces derniers. « Nos missions ne cessent de se développer et nous sommes les professionnels de santé les plus facilement accessibles à tous », ont expliqué pendant ce temps les étudiants aux passants « qui se sont presque tous montrés intéressés et compréhensifs face à nos demandes », résume Renaud Perrin, actuellement en 6e année. Anaelle Rouault, présidente de l'association des étudiants en pharmacie de Nancy et étudiante en 4e année, s'est félicitée pour sa part du très large soutien des syndicats, des enseignants et des officinaux, plusieurs d'entre eux étant d'ailleurs venus manifester avec eux devant l'ARS.
Une réforme qui concerne l'ensemble de la profession
Rappelons en effet que la réforme du troisième cycle de pharmacie d'officine concerne l'ensemble de la profession et l'avenir du métier. « Les étudiants la réclament depuis sept ans et nous sommes toujours au point mort. Pendant ce temps, le métier de pharmacien n'a cessé d'évoluer », s'exaspère Lysa Da Silva, présidente de l'ANEPF, présente lors de la mobilisation parisienne. En d'autres termes, les étudiants réclament d'urgence une réforme de leur troisième cycle leur donnant les moyens matériels pour effectuer des stages plus longs (12 mois au lieu de 6 mois) et dans des territoires éloignés de leur faculté. Le refus des gouvernements successifs de mettre en œuvre une réforme sur le modèle de la médecine générale apparaît désormais comme un paradoxe que ne manque pas de souligner Vincent Lisowski, président de la conférence des doyens de facultés de pharmacie et doyen de la pharmacie de Montpellier. « Il s'agit de la seule filière de santé qui accepte et même réclame d'aller dans les territoires mais on lui en refuse les moyens. »
L'enjeu de la formation des futurs officinaux pour la qualité du système de santé et l'accès aux soins des Français paraît évident. Mais cette R3C induit une autre conséquence. De ces compétences que les futurs officinaux pourraient acquérir lors de ce stage de longue durée dépendra la qualité du maillage pharmaceutique. Seuls des pharmaciens bien formés à leurs nouvelles missions pourront prendre la relève et auront envie de s'investir dans le métier. Les quelque 1 500 diplômés qui manqueront dans deux ans ne laissent pas d'inquiéter les instances de la profession. Mais les pharmaciens d'officine, grands absents du cortège parisien à l'exception de leurs représentants, ont-ils conscience de cette menace sur la subsistance du réseau ? « Il est temps que tous les pharmaciens prennent part au mouvement. La mobilisation doit monter d'un cran ! », déclare un représentant des groupements.
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