Pour réaliser des économies en 2025, dont 425 millions d’euros sur le médicament, l’assurance-maladie a émis 30 propositions qui composent son nouveau rapport « Charges et produits », qui sera présenté officiellement le 18 juillet. Plusieurs mesures concernent les pharmacies. Quelques exemples.
En 2025, l’assurance-maladie veut continuer à restreindre les dépenses de santé et vise le milliard et demi d’euros d’économies, dont 425 millions d’euros sur le médicament (contre 85 millions en 2024). Dans une version provisoire de son rapport « Charges et produits 2025 » largement diffusée dans la presse, l’assurance-maladie donne sa recette à travers 30 propositions, dont plusieurs concernent les pharmaciens.
Ainsi, l’organisme payeur veut notamment lutter contre le gaspillage de pansements. « La proposition, c’est de faire comme pour les compléments nutritionnels oraux et de limiter les quantités dès la première prescription », décrypte Philippe Besset, président de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF). La délivrance de pansements et produits nécessaires aux plaies serait limitée à 7 jours, avec possibilité pour les infirmiers de réadapter les prescriptions, rapporte l’AFP. Autre proposition : dérembourser les prescriptions des médecins libéraux non conventionnés. Est-ce que cela concernera aussi les prescriptions de médicaments ? « Potentiellement oui, selon Philippe Besset. Encore faudra-t-il que l’on puisse savoir si le médecin est conventionné ou non. » Même avis pour Pierre-Olivier Variot, président de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO) : « Le pharmacien n’a pas la qualité de voir si le médecin est conventionné. Dans ce cas, l’ordonnance devrait préciser “hors remboursement”. »
La lutte contre les fraudes sera aussi intensifiée en 2025. Objectifs : récupérer 420 millions d’euros, dont 35 millions sur le médicament. Pour cela, l’assurance-maladie veut augmenter le recours à la carte Vitale, qui limiterait selon elle, le risque de fraudes. « L’assurance-maladie voulait nous en parler pendant les négociations de l’avenant conventionnel. Son idée était de rendre l’usage de la carte Vitale obligatoire. Pour des produits comme la prégabaline ou les médicaments chers, l’assurance-maladie n’ouvrirait le tiers payant qu’en cas de présentation de la carte Vitale. Pour nous pharmaciens, c’était parfait, on adorerait ! Mais c’est une discussion à avoir avec les patients. L’idée est d’avoir un travail avec les différents acteurs, les médecins et les associations de patients », explique Philippe Besset. « L’utilisation systématique de la carte Vitale est écrite dans l’avenant conventionnel signé en juin !, rappelle le président de l’USPO. Ce sera en tout cas très compliqué : des patients envoient à la pharmacie des commissionnaires qui n’ont pas toujours la Carte, et dans les Ehpad, c’est impossible d’obtenir les cartes Vitale. »
L’assurance-maladie veut également intensifier la substitution des biosimilaires, source d’économies importantes. Pour cela, elle prévoit de lutter « contre les stratégies de contournement des laboratoires ». « C’est ajouter dans le conditionnement le matériel associé au produit », explique Philippe Besset. Schématiquement, c’est ajouter une seringue avec les médicaments injectables et dire aux prescripteurs que ce matériel est le mieux adapté. « C’est aussi le cas pour un médicament biologique qui obtient une nouvelle indication. En tant que pharmacien, je n’ai pas l’indication sur l’ordonnance et je ne sais pas si je peux substituer », complète Pierre-Olivier Variot. Si des mesures pour accélérer la substitution des biosimilaires ont été inscrites dans l’avenant conventionnel signé le 10 juin, les pharmaciens attendent toujours de l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) la liste des molécules qu’ils pourront substituer.
Des certitudes et des craintes
Par ailleurs, dans son rapport « Charges et produits 2025 », l’assurance-maladie redit son soutien aux pharmacies fragiles et inscrit noir sur blanc son aide conventionnelle avec son enveloppe annuelle de 20 millions d’euros. Elle intègre aussi les entretiens courts opioïdes nouvellement inscrits dans l’avenant à la convention pharmaceutique pour améliorer la prise en charge de la douleur chronique et lutter contre le mésusage des opioïdes. Dans le viseur également, la lutte contre l’antibiorésistance, ou encore la consommation « préoccupante » d'anxiolytiques/antidépresseurs chez les 12-25 ans. « Cela peut être un axe pour les entretiens de prévention », commente Philippe Besset.
Mais la proposition qui inquiète le plus les syndicats, c’est le remboursement par les laboratoires du surcoût de marge de distribution payé par l’assurance-maladie en raison d’une différence entre les prix faciaux, sur lesquels l’assurance-maladie effectue ses remboursements, et les prix nets. Montant espéré de la contribution rendue par l’industrie : 150 millions d’euros. La crainte des syndicats est, qu’en conséquence, les laboratoires redonnent moins aux pharmaciens…
Autant de mesures qui pourraient se retrouver dans le projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS) pour 2025, lequel devra cependant tracer son chemin dans ce contexte politique flou.
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