Concernant l'activité officinale axée sur les produits de premier recours, deux périodes distinctes se sont dessinées ces dernières années. Celle de l'émergence du Covid-19 et des confinements successifs (de mars 2020 au printemps 2021) et la période post-crise sanitaire qui a débuté dès mars 2021 et se prolonge jusqu'à aujourd'hui. « Si la première période a donné lieu à une forte baisse du trafic en pharmacie, depuis mars 2021 la reprise du trafic est particulièrement soutenue et durable. Nous revenons à des niveaux que nous n’avions pas connus depuis des années », souligne Nicolas Grélaud, directeur des opérations chez OpenHealth Company.
Globalement, sur les 10 premiers mois de 2022, l'activité officinale se porte très bien. D'après Nicolas Grélaud, cette bonne santé est multifactorielle et s'explique notamment par des « effets de correction ». De fait, entre mars 2020 et avril 2021, crise sanitaire oblige, la plupart des Français n'ont pas consulté leur médecin généraliste ou spécialiste. Ils ont reporté les consultations non urgentes. Résultat : durant cette période, les officines ont été moins fréquentées. « Au pic de l'annonce du confinement, les pharmacies françaises bénéficiaient de 314 millions de visites par an (pour la délivrance d'un produit de premier recours). Un an plus tard, elles n'avaient plus que 271 millions de visites, soit une perte de près de 15 % du trafic », indique Nicolas Grélaud.
Les produits de la sphère ORL sont de retour
Durant cette période de forte baisse des ventes (2020-2021), deux principaux phénomènes ont été notables. Les pathologies hivernales, tout d'abord, ont été mises en sommeil grâce aux confinements et aux gestes barrière. « Cela a impacté de grandes catégories de produits de premiers recours tels que ceux liés aux voies respiratoires, à la douleur ou encore, aux voies digestives : il n'y a quasiment pas eu de grippe, ni de gastro-entérite pendant cette période. La catégorie " voies respiratoires " a enregistré les plus fortes baisses (près de 50 % des volumes). Par ailleurs, nous avons observé certains épiphénomènes, notamment dans le domaine des dispositifs médicaux tels que le boom des ventes de thermomètres directement liées à la conjoncture Covid-19 en officine », assure Nicolas Grélaud.
Aujourd'hui, la catégorie de produits « voies respiratoires » repart à la hausse. « Cela s'explique plutôt par le fait que les pathologies qui étaient restées en sommeil durant la crise sanitaire, s'éveillent à nouveau. Nous observons ainsi un retour des maladies hivernales et de nombreux patients voient leur pharmacien pour obtenir un conseil préventif ou curatif de la grippe, par exemple. Cela explique la bonne dynamique actuelle des produits d'automédication et de premier recours », affirme Nicolas Grélaud. Les ventes du rayon OTC sont ainsi très corrélées à une réalité sanitaire.
Le marché de l'immunité en hausse, mais ralenti en 2022
Deuxième phénomène : de nouveaux besoins, exacerbés par le contexte pandémique, ont émergé au comptoir. Les produits de premier recours destinés au renforcement de l'immunité ont connu de très fortes hausses. La crise sanitaire a révélé une forme de prise de conscience par les patients, de leur condition humaine. Ils ont été nombreux à exprimer leur inquiétude au comptoir : les pharmaciens devaient trouver des solutions pour aider leurs patients à se protéger au mieux du Covid-19. Cela explique l'augmentation des ventes des produits dédiés à l'immunité. « La croissance de ce marché a été supérieure à 50 % entre 2019 et 2020. Nous observons également un effet de rémanence : les ventes de compléments alimentaires liés à l'immunité restent soutenues mais évoluent moins fortement que pendant la crise », constate Nicolas Grélaud. Globalement, depuis la crise sanitaire, les Français cherchent davantage à préserver leur capital santé. Outre les produits de premier recours liés à l'immunité, ceux relatifs à la vitalité, au sommeil et au stress enregistrent également une croissance depuis 2021.
Les Français privilégient le conseil officinal
La crise sanitaire a, par ailleurs, favorisé le réseau officinal. De fait, la pharmacie n'a pas le monopole de distribution de tous les produits de premier recours. Il existe d'autres canaux de vente des compléments alimentaires tels que les magasins bio. « Mais ces ventes dans ces réseaux enregistrent une baisse marquée. Pour ces produits, un recentrage s'est opéré en faveur de la pharmacie, depuis la crise sanitaire. L'officine est considérée comme un repère, un lieu légitime et rassurant. Les consommateurs privilégient le conseil du pharmacien », confie Nicolas Grélaud. Un autre canal connaît également une forme de correction, celui des plateformes de e-commerce. « Après la " bulle " liée aux périodes de confinement, les derniers mois montrent des signaux de ralentissement des ventes, sur ces réseaux. Sur Amazon par exemple, les ventes de compléments alimentaires stagnent. Cela montre que le consommateur français se recentre, là encore, sur l'officine, pour ce type d'achat. Ce qui valorise le métier de pharmacien », conclut Nicolas Grélaud.
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