Ces derniers jours, les médias relaient les témoignages de plusieurs officinaux des Hauts-de France, victimes de vols à l’étalage ou d’intrusions en pleine nuit. Dans la majorité des cas, les voleurs ne visent pas les médicaments mais les produits cosmétiques les plus onéreux ou le fond de caisse, même si ce dernier n’est pas très garni. Interrogé par « Europe 1 », un titulaire de Marcq-en-Barœul, près de Lille, explique ainsi connaître des journées avec plus de 1 500 euros de vols. Exaspéré, l’officinal a décidé de ne plus assurer de gardes le dimanche en journée, moment durant lequel l’équipe officinale est moins fournie et les vols plus nombreux. Il n’a pourtant pas lésiné sur la sécurité, avec 13 caméras de vidéosurveillance et un système qui permet de détecter les gestes suspects grâce à l’intelligence artificielle… En tout, un investissement annuel de 10 000 euros pour prévenir le vol à l’étalage. Pourtant, cela ne suffit pas. « Ça fait deux ans que c'est devenu très compliqué », assure-t-il.
Grégory Tempremant, président de l’URPS Pharmaciens des Hauts-de-France et titulaire à Comines, à la frontière belge, constate lui aussi une recrudescence des vols à l’étalage dans les officines de sa région. « J’ai moi-même été concerné récemment, explique-t-il. Aujourd’hui, toutes les pharmacies (plus largement, tous les commerces) sont touchées par ce problème, quels que soient leur typologie ou le territoire d’implantation. Il est difficile d’évaluer précisément leur nombre car tous les cas de vols ne débouchent pas sur une plainte ou un signalement », précise-t-il. S’il est préoccupé par ce phénomène, Grégory Tempremant reconnaît que les cambriolages l’inquiètent encore davantage. « Dans la région de Valenciennes, 8 officines ont été cambriolées sur les 15 derniers jours. Je viens d’apprendre que les pharmaciens de ce secteur ont activé leur droit de retrait et qu’aucune garde ne sera assurée dans la nuit de mardi à mercredi. C’est une manière pour eux de faire bouger les choses. » Au cours de ces récents cambriolages, les voleurs n’ont visé que le fond de caisse, repartant avec des montants dérisoires.
« Aujourd’hui, les pharmaciens ne se sentent plus en sécurité lorsqu’ils sont de garde et nous ne pouvons plus accepter cela », dénonce Grégory Tempremant. Le président de l’URPS Pharmaciens demande notamment plus de patrouilles de police autour des pharmacies qui sont de garde. Il espère pouvoir prochainement discuter du sujet avec la police et les servies de la préfecture. « Nous voudrions aussi que les policiers fassent de l’aller-vers, qu’ils viennent à la rencontre des pharmaciens pour les sensibiliser », propose Grégory Tempremant, qui a bien conscience que policiers et gendarmes font également face aujourd’hui à des problèmes d’effectif. Néanmoins, l’officinal appelle les représentants des forces de l’ordre à entendre une autre demande. « Concernant les gardes, on sait que certains au niveau de la police et de la gendarmerie aimeraient se délester du dispositif de régulation qui impose aux patients de faire vérifier leur ordonnance au commissariat avant de se rendre en pharmacie mais il faut absolument le maintenir. Ce filtrage est indispensable pour les pharmaciens qui travaillent la nuit. »
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