Ceux-là semblent avoir oublié les serments d'Hippocrate et de Galien depuis belle lurette… Plusieurs dizaines de professionnels de santé américains ont été interpellés le 17 avril, ils risquent aujourd'hui jusqu'à 50 ans de prison pour avoir distribué illégalement et massivement des antalgiques, notamment opiacés. Cette procédure d'envergure intervient alors que les États-Unis sont confrontés à une épidémie sans précédent de prescriptions d'opioïdes, qui a déjà fait près de 218 000 victimes entre 1999 et 2017. En tout, plus de 350 000 ordonnances illégales ont été rédigées en Alabama, au Kentucky, en Louisiane, en Ohio, en Pennsylvanie, au Tennessee et en Virginie-Occidentale, révèle l'enquête en cours.
Les quelque 60 professionnels inculpés, parmi lesquels figurent notamment 31 médecins, huit infirmiers, mais aussi sept pharmaciens, n'hésitaient devant rien pour satisfaire leur patientèle addict. Jugez plutôt. Plusieurs médecins sont soupçonnés d’avoir délivré des ordonnances en échange de rapports sexuels, d'autres contre de l’argent. Un médecin du Tennessee avait même érigé ces pratiques en système. Après un examen superficiel, ses patients passaient dans la pièce d’à côté, aménagée en pharmacie, pour récupérer directement leur « traitement » en toute illégalité. Dans l'Alabama, un généraliste avait, lui, mis en place un « ticket d'entrée » annuel de 600 dollars (environ 530 euros) qui permettait de figurer sur son listing et bénéficier de prescription d’opioïdes. D'autres fois, « Dr Dealer » laissait la place à « Mister Sex ». Ainsi un infirmier praticien appâtait carrément des jeunes femmes et des prostituées en leur proposant de consommer leur « dose » à son domicile, en échange de faveurs sexuelles. Un autre ripou, dentiste de son état, n'acceptait de délivrer des ordonnances d’opioïdes que si ses patients le payaient en espèces et acceptaient de se faire arracher une ou deux dents, en guise de couverture. Et les pharmaciens dans tous ça ? Plutôt bien placés dans ce concours de ripoux. Une officine de l'Ohio a même été accusée d'avoir délivré plus de 1,75 million de comprimés d'opioïdes. Mais à ce niveau-là, ce n'est plus de la pharmacie, c'est de la grande distribution…
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