LA PRÉSIDENTE du Front national affiche une sérénité de bon aloi et rappelle à qui veut l’entendre qu’il ne s’agit pas d’une bataille entre « un père et sa fille », mais d’un conflit idéologique profond. C’est un entretien de M. Le Pen avec « Rivarol » qui a mis le feu aux poudres. Dans cette interview, le président d’honneur exprimait, une fois de plus et sans nuances, son antisémitisme viscéral, celui-là même dont Marine Le Pen veut guérir son parti. Elle s’est attelée à la tâche avec une détermination qui lui vaut ajourd’hui cette terrible bataille contre son père, mais aussi en expulsant ceux du FN qui continuent à avoir des attitudes racistes. Ils sont plus nombreux qu’on ne le dit et la chasse aux sorcières n’est pas terminée. Entretemps, l’opinion se dit que Mme Le Pen est en train de transformer le FN de fond en comble et d’en faire, chaque jour un peu plus, un mouvement politique classique qui propose des remèdes posés par l’immigration, l’euro, l’Europe ou les États-Unis.
En fait, si le FN se débarrassait des scories du passé qui forment le fonds de commerce de Jean-Marie, pourquoi devrait-on lutter contre lui ? C’est un mouvement populiste au même titre que le Front de gauche et, dans ce cas, on peut être à gauche et voter pour lui ; c’est un parti nationaliste dont les idées, notamment sur l’Europe et la Russie, se retrouvent dans la frange la plus à droite des Républicains ; c’est enfin un parti qui dit qu’à une crise aussi profonde du pays il ne peut y avoir que des solutions radicales et, après tout, il y a une logique dans ce raisonnement qui ne devrait pas nous faire bouillir d’exaspération.
Justement, ce qui est gênant dans cette analyse, c’est la contradiction de plus en criante qui sous-tend les idées du FN. Il veut à la fois souligner ce qui le distingue de tous les autres et offrir une image de parti cohérent et organisé. Il veut supprimer sa propre histoire en oubliant ce qui l’a porté sur les fonts baptismaux. Il veut bien attirer vers lui tous les racistes de France, pourvu qu’ils se taisent, qu’ils parlent d’autre chose et qu’on l’abandonne dans ses ambiguïtés.
Imaginons un peu...
C’est pourquoi les autres partis doivent montrer qu’ils ne sont pas dupes et que le Front national n’a pas changé, qu’il ne changera pas quand son fondateur sera mort politiquement ou autrement, et que, s’il conquiert le pouvoir un jour, il mettra en place des dispositions qui risquent d’achever ce pays si las. Imaginons un peu ce qui se passerait si on lui lachait la bride sur le cou : contre l’immigration clandestine, des dispositions inhumaines qui aggraveraient le danger qu’il y a déjà à traverser la Méditerranée dans les pires conditions ; contre l’immigration légale, des expulsions massives, aveugles et sûrement compliquées en dépit de leur injustice ; contre l’euro, le retour à la souveraineté nationale, c’est-à-dire une plongée des Français dans la misère ; contre l’Amérique, des renversements d’alliance qui nous acoquineraient avec des régimes dictatoriaux ou autoritaires ; contre les critiques et la presse honnie, des atteintes à la liberté d’expression et à toutes les autres libertés ; contre le terrorisme, une fermeté en France qui confondrait des gens pacifiques avec des poseurs de bombes et un désengagement de l’Afrique et du Proche-Orient qui ferait arriver les barbares à nos portes.
Le Front va-t-il l’emporter, lors des régionales, dans le Nord, en Paca, en Languedoc-Roussillon ? On peut toujours recommander aux électeurs de ne pas voter pour un parti dont les idées contiennent autant de menaces pour nos libertés et même pour notre sécurité. Dans ce temps qui nous sépare des élections présidentielle et législatives de 2017, nous ne devrions avoir qu’un seul mot d’ordre : donner un coup d’arrêt au FN.
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