Le « ras-le-vol » des pharmaciens des Hauts-de-France

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Publié le 11/04/2024
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Des cambriolages de pharmacies qui se multiplient autour de Dunkerque ou encore de Valenciennes, une augmentation du vol à l’étalage… de nombreux officinaux des Hauts-de-France ne se sentent plus en sécurité.

Un pharmacien de Marcq-en-Barœul, près de Lille, qui affirme connaître des journées avec plus de 1 500 euros de vols malgré l’installation de 13 caméras et l’utilisation d’une technologie basée sur l’intelligence artificielle pour repérer les comportements suspects. Une titulaire du Nord qui témoigne à la télévision locale après l’intrusion en pleine nuit de cambrioleurs qui sont repartis avec les 200 euros présents dans le fond de caisse… Ces derniers jours, des officinaux des Hauts-de-France ont exprimé leur colère et leur désarroi face à un problème contre lequel ils se sentent impuissants. « Ce phénomène est largement sous-estimé, souligne de plus David Alapini, président du Conseil régional de l’Ordre des pharmaciens des Hauts-de-France. Beaucoup de confrères ne déclarent pas à l'Ordre les vols qu'ils subissent, parfois parce qu'ils ont le sentiment que ce n'est pas utile. Nous sommes donc très loin des chiffres réels, ils sont peut-être trois fois supérieurs à ceux dont nous disposons, si ce n'est plus. »

Président de l’URPS Pharmaciens des Hauts-de-France et titulaire à Comines, à la frontière belge, Grégory Tempremant constate lui aussi une recrudescence des vols à l’étalage dans les officines de sa région. « J’ai moi-même été concerné récemment, explique-t-il. Aujourd’hui, toutes les pharmacies sont touchées par ce problème, quels que soient leur typologie ou le territoire d’implantation », précise-t-il. S’il est préoccupé par ce phénomène, Grégory Tempremant reconnaît que les cambriolages l’inquiètent encore davantage. « Dans la région de Valenciennes, 8 officines ont été cambriolées en l’espace de 15 jours. », donne-t-il comme exemple.

Ne pas décourager les pharmaciens qui veulent porter plainte

Si le constat est posé, quelles mesures pourrait-on envisager pour lutter contre ces vols et venir en aide aux officinaux qui en sont victimes ? « Les malfaiteurs ont un sentiment d’impunité et il faut que cela change, estime premièrement le président du CROP. Ce que je souhaite c’est une meilleure collaboration entre les pharmaciens et les services de police. Les agents qui font des rondes la nuit pourraient venir rencontrer les pharmaciens. Je voudrais que la sécurité des pharmaciens soit une priorité pour eux, même si l’on sait qu’ils ont beaucoup à faire. On pourrait aussi envisager une simplification de la procédure pour déposer plainte. Un pharmacien ne peut pas se permettre d’attendre 3 heures au commissariat avant d’être reçu. Lorsqu’une plainte est déposée en ligne, cela ne donne souvent rien ensuite… Il ne faut pas que l’on décourage les pharmaciens qui veulent porter plainte », demande David Alapini, qui souhaite par ailleurs mener un travail avec les municipalités afin de favoriser l’installation de plus de caméras de vidéosurveillance près des pharmacies. Il plaide également pour que tous les pharmaciens qui effectuent des gardes de nuit bénéficient d'une régulation en amont par le commissariat ou la gendarmerie. Plus globalement, le président du CROP redoute que ces faits de vols et de violence ne nuisent à l’attractivité d’un métier qui en manque déjà cruellement. « Tout cela ne donne pas envie aux jeunes de venir travailler en pharmacie », concède-t-il. Pour David Alapini, il faut donc tout mettre en œuvre pour redonner aux pharmaciens la possibilité « de rester concentrés sur leur travail » et ne plus vivre avec la peur permanente d’être volé ou agressé.

 


Source : Le Quotidien du Pharmacien