Dans l'affaire du Lévothyrox, une patiente a déposé plainte à l'encontre notamment d'Agnès Buzyn, ministre de la Santé, et Bruno Le Maire, ministre de l'Économie, mais aussi contre X pour viser des médecins, pharmaciens, journalistes et politiques.
Anne-Catherine Colin-Chauley, avocate et patiente traitée par de la lévothyroxine, a annoncé dimanche avoir déposé une nouvelle plainte vendredi devant le tribunal de Grasse (Alpes-Maritimes) en s'appuyant sur les articles du Code pénal concernant « l'abstention volontaire de porter assistance à une personne en péril ». Elle vise nommément la ministre de la Santé Agnès Buzyn pour « ne pas avoir su gérer la crise sanitaire » et le ministre de l'Économie Bruno Le Maire pour « ne pas avoir essayé de transacter (sic) avec le Laboratoire Merck », ainsi que le Laboratoire Merck KGaA et l'Agence nationale de la sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM). La plainte est également déposée contre X pour y inclure les médecins et pharmaciens « ayant refusé de prendre en considération les symptômes indésirables de leurs patients », les journalistes et les médias qu'elle accuse d'avoir « orienté les informations », et les députés, sénateurs et maires qui n'auraient pas « honoré leur devoir d'intérêt général ».
Mme Colin-Chauley s'est fait connaître en étant la première à déposer plainte contre Merck KGaA pour mise en danger de la vie d'autrui. Elle a déjà attaqué les autorités ministérielles et administratives devant le tribunal administratif de Nice, mais ses demandes de « mesures d'instruction contre l'ANSM » et de « mesures utiles à prendre par la ministre de la Santé et le ministre de l'Économie » ont été rejetées. Elle a aussi déposé, fin octobre, 100 plaintes de particuliers se joignant à son action et a annoncé qu'elle allait en déposer 200 autres jeudi prochain, toujours pour mise en danger de la vie d'autrui, au tribunal de Grasse qui se charge de les transmettre au pôle santé du tribunal de grande instance de Marseille.
Par ailleurs, la réponse des autorités et du Laboratoire Merck Serono (filiale française de Merck KGaA) expliquant l'importation de l'Euthyrox allemand (lire notre article « abonné ») plutôt que l'utilisation de l'Eutirox italien fabriqué sur un site français, ne semble pas satisfaire le requérant, l'avocat Christophe Lèguevaques, à l'origine d'une action collective conjointe dans l'affaire Lévothyrox. Ceux-ci expliquaient vendredi que si la composition de l'Eutirox était bien identique à celle du Lévothyrox ancienne formule, « les procédés de fabrication ne sont pas les mêmes », tout comme l'origine à la fois du principe actif et de l'excipient, « les paramètres de contrôle du produit fini, l'aspect des comprimés et la composition des blisters ». Me Lèguevaques s'étonne que l'Eutirox ait été importé en France en 2013 pour faire face à des ruptures d'approvisionnement du Lévothyrox, et qu'il ait alors été présenté comme parfaitement identique au princeps autorisé en France. Valérie Leto, pharmacien responsable chez Merck Serono rappelle que le contexte était différent, et qu'au vu de l'affaire en cours et la demande des patients de bénéficier à nouveau du Lévothyrox ancienne formule, ont été pris en compte non seulement la formulation strictement identique, mais aussi tout ce qui intervient dans la fabrication du médicament (procédé de fabrication, type de contrôle, aspects des comprimés et blisters), ce qui a conduit à choisir l'importation de l'Euthyrox allemand.
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