Entamé en septembre et interrompu de longues semaines à cause du coronavirus, le procès du Mediator est entré dans une nouvelle phase ce mardi avec les réquisitions de l'accusation contre les Laboratoires Servier et l'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM).
À l’issue des plaidoiries des parties civiles, « pratiquement un milliard d'euros d'indemnisation ont été réclamés » a assuré Me Coubris, qui représente près de la moitié des 6 500 victimes qui se sont constituées parties civiles pour ce procès. Son cabinet réclame notamment le versement de « 225 millions d’euros » en réparation du préjudice moral subi par d’anciens consommateurs du Mediator. Une centaine de caisses d’assurance-maladie, qui ont pris en charge le remboursement de l'antidiabétique, ont demandé de leur côté plus de 450 millions euros de dommages et intérêts pour réparer « l’escroquerie » des Laboratoires Servier.
Le groupe pharmaceutique, poursuivi pour « tromperie aggravée », « homicides et blessures involontaires » et « escroquerie », est accusé d'avoir sciemment dissimulé la toxicité et les propriétés anorexigènes du Mediator, tenu pour responsable de la mort de centaines de personnes entre 1976 et 2009. Accusations dont le laboratoire français s'est inlassablement défendu, évoquant des « erreurs d'appréciation », mais réfutant toute faute intentionnelle. L’ANSM comparaît quant à elle pour « homicides et blessures involontaires » par négligence pour avoir tardé à suspendre le médicament, en dépit d’alertes sur sa dangerosité reçues dès 1995. L'agence a reconnu une part de responsabilité et a déjà prévenu qu'elle ne solliciterait pas la relaxe.
Le procès qui se tient actuellement à Paris concerne essentiellement les faits de « tromperie aggravée ». L'instruction pour « homicides et blessures involontaires » étant toujours en cours, avec en vue un second procès pénal. Le tribunal est toutefois saisi de 95 cas de victimes pour lesquelles les expertises ont conclu à une causalité entre leurs pathologies et le Mediator. La défense doit prendre la parole à partir du 29 juin et le procès doit s'achever le 6 juillet. La décision du tribunal est attendue en 2021.
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