Le Quotidien du pharmacien.- Comment s'est déroulée l'expérimentation ?
Denis Macé.- J'ai traité ma première prescription numérique dans mon officine le 22 décembre 2018. Aujourd'hui j'en reçois environ une dizaine par mois. J'ai accepté de participer à cette expérimentation car j'ai toujours été intéressé par l'électronique et je savais qu'il y avait autour de moi trois médecins qui avaient commencé à s'y mettre. J'ai informé la CPAM que je me lançais dans cette expérimentation et mon éditeur de LGO (Winpharma) m'a fourni une version compatible. L'idée au départ c'était de faire en sorte que la prescription numérique soit "rentable" pour tout le monde (le médecin, le pharmacien et la CNAM) et que ça n'augmente pas notre charge de travail. Le patient arrive au comptoir avec son ordonnance imprimée qui comprend un QR code. On lit ce dernier avec un lecteur Datamatrix, puis une boîte de dialogue s'ouvre. La prescription est donnée ligne par ligne avec des cases à cocher. Si l'on décide de modifier le traitement il faut le notifier pour que le médecin soit prévenu.
Qu'a changé la prescription numérique dans votre pratique au quotidien ?
Contrairement à ce que j'avais imaginé au départ, cela s'est avéré très chronophage. Il y avait des manipulations supplémentaires à faire, notamment avec la première version fournie par mon éditeur de LGO. Après, il faut bien avoir en tête que cela dépend de chaque pharmacien et de ses habitudes en matière de prescription. Personnellement, j'avais l'habitude de lire la prescription, d'aller chercher les boîtes et de les passer avec le lecteur Datamatrix. Dans mon cas, je perdais du temps par rapport à une prescription papier. À l’inverse, des confrères qui utilisent des systèmes de dispensation robotisés, eux, gagnaient du temps avec la prescription numérique. Néanmoins, nous avons ensuite constaté qu'avec la sérialisation ce constat s'est inversé. On doit passer le code au Datamatrix pour décommissionner, donc ceux qui ne faisaient pas comme ça ont alors commencé à perdre du temps lorsqu'ils devaient traiter une prescription numérique.
Que faudra-t-il faire pour favoriser son développement ?
La première condition pour favoriser son développement sera d'améliorer l'ergonomie au niveau des LGO, ce que l'on peut espérer avec l'arriver des nouveaux logiciels Ségur. Ensuite, il faudra que les médecins et les pharmaciens s'en emparent ; or, sur ce point, je pense que cela progressera quand nous serons contraints de nous y mettre, pas avant. Cela se développera aussi si le pharmacien peut se dire que la prescription numérique est plus simple et rapide à utiliser. On peut avoir un préjugé négatif sur ce nouvel outil mais on peut aussi voir ce qui est positif : cela permet de sécuriser la chaîne de dispensation, bien plus qu'avec l'ordonnance papier, donc cela est utile pour lutter contre le mésusage et les fausses ordonnances. Si une personne mal intentionnée s'amuse à photocopier une prescription numérique, le pharmacien ne pourra pas délivrer si cela a déjà été fait avant, donc quand nous recevons une ordonnance pour un traitement chronique, cela nous permet d'être plus à l'aise.
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