Isolement, fermeture des écoles, manque de relations sociales et d’activité physique, détérioration des conditions économiques, maladie et même décès de proches, les jeunes n’ont pas été épargnés par la crise du Covid. Les répercussions varient selon les individus, l’âge et le sexe, mais les adolescents à partir de 12 ans, en particulier les filles, semblent particulièrement touchées. « L’étude la plus importante sur le plan international est britannique et elle montre que la santé mentale des 6-16 ans s’est dégradée pour 40 % d’entre eux », remarque le Pr Richard Delorme, chef du service de pédopsychiatrie de l’hôpital Robert-Debré à Paris, à l’occasion d’un point presse organisé par l’ANRS-Maladies infectieuses émergentes.
En France, le nombre de passage aux urgences chez les jeunes a augmenté de manière significative depuis 2021, pour idées suicidaires, troubles de l’humeur ou tentatives de suicide. Mais la tendance est à la hausse d’année en année depuis plus d’une décennie, souligne le Pr Delorme, qui a donc voulu mener l’enquête. L’étude, publiée dans le « Journal of the American Medical Association » (JAMA) en octobre dernier, a passé en revue toutes les données de surveillance collectées sur les dix dernières années à l’hôpital Robert-Debré, l’un des plus grands centres pédiatriques en Europe, pour un total de 830 enfants âgés de moins de 15 ans ayant été admis aux urgences pédiatriques après une tentative de suicide. Le résultat est sans appel : une hausse dramatique des tentatives de suicides chez les enfants fin 2020 (+200 %) et début 2021 (+150 %).
« L’augmentation est très marquée et indépendante de la croissance du nombre de passages aux urgences des enfants pour tentative de suicide depuis 10 ans. Les patients sont pour 80 % d’entre eux des filles et la moyenne d’âge est de 12 ans », souligne le Pr Delorme. Des résultats qui sont, de plus, conformes aux données d’autres pays tels que les États-Unis ou le Japon, et que valident aussi les observations des pédopsychiatres dans d’autres régions françaises.
Plateforme MonPsy
Chez les plus petits, les 2-5 ans, une hausse de l’anxiété a aussi été observée, se caractérisant par de l’irritabilité, des troubles de l’humeur (agitation, colère), de l’inattention, des troubles du sommeil et de l’alimentation. De façon générale, la dégradation de la santé mentale est moins spectaculaire chez les plus jeunes (moins de 10 ans environ), ce qui les mène davantage en consultation pédiatrique qu’aux urgences. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) recommande aux parents de porter davantage d’attention à leurs enfants en cette période, de surveiller toute modification de comportement, de ne pas hésiter à consulter un médecin et à en parler avec les équipes éducatives à l’école.
Dans ce cadre, le gouvernement lance en avril prochain la plateforme MonPsy, qui permettra d’accéder à un accompagnement psychologique dès 3 ans et sans limite d’âge pour un maximum de huit séances remboursées chez un psychologue. Le recrutement des psychologues volontaires est ouvert depuis le 17 février, a annoncé le ministre de la Santé, Olivier Véran.
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