Pour favoriser le bon usage des vasoconstricteurs, l’ANSM a mis en œuvre plusieurs mesures. Outre une surveillance renforcée de ces médicaments, elle a interdit toute publicité en décembre 2017, puis mis en place une communication renforcée passant par le pharmacien en janvier 2020. Cette communication s’est révélée efficace puisqu’une baisse sensible de la consommation de ces traitements a été observée. Ainsi, sur les six premiers mois de l’année, le volume des ventes des traitements contenant de la pseudoéphédrine atteint 1,75 million de boîtes, à comparer avec les 2,15 millions d’unités vendues sur la même période en 2019. Des chiffres qui devront être confirmés sur la durée au regard de la période de crise sanitaire et en particulier des deux mois de confinement.
Globalement, les mesures mises en place pour sécuriser l’utilisation de ces médicaments ont entraîné une chute des ventes de 15 à 16 millions de boîtes en 2010 à 5-6 millions en 2019 (données GERS citées par l’ANSM). « Les ventes ont été divisées par 2 à 3 en 10 ans. On souhaite qu'à terme les ventes restantes correspondent à une population pour laquelle l’utilisation de médicaments à base de pseudoéphédrine garde une balance bénéfice-risque positive », remarque le Dr Jean-Michel Race, à la tête de la direction des produits ORL, pneumologie et allergologie (notamment) de l'ANSM.
Alerte femmes enceintes
L’agence souhaite renforcer ces bons résultats et se tourne à nouveau vers les pharmaciens pour qu’ils continuent leur effort de communication. Elle met à leur disposition deux documents actualisés : une fiche d’aide à la dispensation, sorte de pensum réunissant les questions à poser et la conduite à tenir en fonction du profil du patient ; et un dépliant à remettre au patient intitulé « Vous avez un rhume, que faire ? ». Ce dernier document a été enrichi à la lumière des données de sécurité disponibles sur les comprimés à base de pseudoéphédrine sans ordonnance. « Nous y avons intégré une alerte pour déconseiller très fortement l’usage de ces médicaments en cas de grossesse et d’allaitement, alerte assortie du logo femme enceinte », précise le Dr Jean-Michel Race. La communication sur la reconduction du dispositif et la mise à disposition des fiches est assurée par l’AFIPA qui va informer les pharmaciens par le biais d’un mailing et leur envoyer une liasse de fiches patient et de fiches d’aide à la disposition par le biais des grossistes-répartiteurs. Cette liasse sera renouvelable sur demande. Les documents sont aussi téléchargeables sur les sites de l’ANSM, de l’AFIPA et du CESPHARM.
Par ailleurs la surveillance renforcée de ces médicaments se poursuit afin de mesurer, notamment, le lien entre mésusage et effets indésirables. « Nous avons constaté qu’un certain nombre d’effets indésirables étaient liés à un mésusage, par exemple la consommation par une personne présentant des contre-indications formelles, le non-respect des durées d’utilisation ou la prise concomitantes de plusieurs vasoconstricteurs favorisée par les marques ombrelles. Si le mésusage se poursuivait malgré la baisse de consommation de ces médicaments, nous pourrions être amenés à prendre d’autres mesures », indique le Dr Race. Le relistage de ces médicaments, écarté des solutions envisagées, pourrait ainsi revenir sur le devant de la scène.
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