L’arrivée du variant Omicron s’est accompagnée d’une douche froide pour la plupart des traitements existant contre le Covid-19, les rendant partiellement ou totalement inefficaces. Mais pas le traitement d’AstraZeneca, Evusheld (tixagévimab-cilgavimab), développé par le Vanderbilt University Medical Center aux États-Unis. Bien que son efficacité ait été remise en cause par Omicron BA.1, ce qui a conduit les autorités à doubler son dosage, il a retrouvé la majeure partie de ses capacités face à BA.2, BA.4 et BA.5. Ce qui permet aujourd’hui au laboratoire de présenter Evusheld comme « la seule combinaison d’anticorps à action prolongée actuellement efficace dans la prévention et le traitement » du Covid-19.
Car c’est la 2e particularité de ce traitement. Après avoir décroché une première AMM européenne en mars dans la prévention des personnes à risque de Covid grave, il vient d’obtenir le feu vert européen en curatif dans la même population : les patients immunodéprimés faiblement ou non répondeurs à la vaccination, ayant au moins 12 ans et pesant au moins 40 kg, atteints d’un Covid léger à modéré ne nécessitant pas d’oxygénothérapie mais à risque de Covid grave.
Un traitement sous-utilisé
Dans l’attente de l’avis de la commission de transparence de la Haute Autorité de santé (HAS), Evusheld reste principalement utilisé en prophylaxie pré-exposition. Mais il est sous-utilisé au regard de la population qui pourrait en bénéficier, estimée « entre 400 000 et 500 000 personnes en France », puisque seulement « quelques dizaines de milliers de patients l’ont reçu en accès précoce », indique Gabriel Thabut, directeur médical France d’AstraZeneca.
« Les personnes immunodéprimées ont une réponse vaccinale diminuée alors même qu’elles sont à risque de faire une forme de Covid grave. Les moins bons répondeurs sont les transplantés d’organe solide, les transplantés de cellules souches hématopoïétiques, les insuffisants rénaux chroniques, les personnes atteintes de maladie rhumatismale inflammatoire et celles ayant une sclérose en plaques en raison de leur traitement immunosuppresseur », rappelle Odile Launay, chef du service des maladies infectieuses et tropicales de l'hôpital Cochin.
Or, l’étude de phase 3 PROVENT incluant plus de 5 000 personnes de plus de 18 ans présentant un risque de réponse vaccinale inadéquate a démontré qu’Evusheld permettait de réduire l’incidence de Covid symptomatique de 77 % à 3 mois (versus placebo) et de 82,8 % à 6 mois. La recommandation, émise par le comité d’orientation de la stratégie vaccinale (COSV), est de vacciner les patients immunodéprimés s’ils sont éligibles à la vaccination puis de leur administrer Evusheld (au minimum 15 jours après la dernière dose) et de poursuivre avec des injections d’anticorps tous les six mois si leur statut d’immunosuppression ne peut être amélioré, en combinaison avec des rappels vaccinaux itératifs tous les trois mois.
Vers une disponibilité en ville
Quant à l’AMM d’Evusheld obtenue en traitement curatif, elle repose sur l’étude TACKLE qui a inclus plus de 900 patients atteints de Covid modéré à sévère depuis moins de 7 jours, non hospitalisés et présentant pour 89 % d’entre eux un risque de Covid sévère. Résultat : l’efficacité d’Evusheld est d’autant plus haute qu’il est administré rapidement après l’apparition des symptômes : 88 % à 3 jours, 67 % à 5 jours et 50 % à 7 jours. « Malgré une situation épidémique plutôt calme, on enregistre entre 100 et 200 décès du Covid par semaine en France. Or, la morbidité et la mortalité se concentrent quasi exclusivement sur les sujets fragiles et immunodéprimés : 90 % des patients hospitalisés présentent de multiples comorbidités, 50 % sont immunodéprimés, 70 % sont non-vaccinés et 85 % des formes critiques malgré un schéma vaccinal complet sont des immunodéprimés. Le virus va continuer à évoluer, nous aurons de nouvelles vagues et ce sont ces patients qui seront concernés », explique François Raffi, chef du service des maladies infectieuses au CHU de Nantes, plaidant pour qu’Evusheld puisse à terme être injecté en ville.
« Actuellement le traitement est administré en hôpital de jour pour des raisons réglementaires, mais je ne vois pas d’obstacle à ce qu’il soit administré en ville, y compris en curatif. Ce serait même mieux d’éviter à des personnes immunodéprimées et infectées de venir à l’hôpital pour quelques heures alors qu’elles pourraient recevoir les injections en intramusculaire à leur domicile », souligne le Pr Raffi. C’est aussi une demande des associations de patients qui a été relayée l'été dernier par la HAS.
Selon les dernières recommandations de la Direction générale de la santé (DGS) datant de juillet, le doublement de la dose intervenue en avril dernier est désormais la norme soit 600 mg (300 mg de tixagévimab et 300 mg de cilgavimab) que ce soit lors de l’injection initiale ou des injections suivantes à 6 mois d’intervalle pour ce qui est de l’utilisation en prévention. Ce même dosage est utilisé en traitement curatif.
D’après une conférence de presse d’AstraZeneca.
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