Selon les statistiques du Conseil national de l’Ordre des pharmaciens (CNOP) publiées aujourd’hui pour l’année 2021, les pharmaciens sont de plus en plus confrontés à des violences dans le cadre de leur exercice professionnel. Les vols ont été multipliés par quatre au cours des cinq dernières années, et la proportion des agressions verbales et physiques reste à un niveau élevé.
La parenthèse 2020, qui a connu une flambée de violences, semble refermée. Cependant, en 2021, l'Ordre recense 427 déclarations d'agressions envers les pharmaciens, un chiffre qui reste supérieur de 40 % à celui enregistré en 2019. Leur nombre a doublé en cinq ans, et même triplé en dix ans. Sur ces 427 déclarations, dont 9 provenant d’outre-mer, 62,4 % concernaient des violences verbales ou physiques et 37,5 % des vols. La gestion de la crise sanitaire reste un motif prépondérant : 28 % des exactions étaient en lien avec la réalisation de tests antigéniques, le port du masque ou la vaccination. Par ailleurs, 33 pharmacies ont été victimes de violences pendant une garde. « 3,7 % des agressions subies étaient associées à l’usage d’une arme (blanche ou à feu) », relève le CNOP. 267 agressions ont touché au moins un membre de l’équipe officinale, en étant toutefois sans gravité dans 97,1 % des cas. Cependant, 7 arrêts de travail ont été délivrés et deux hospitalisations sont à déplorer. Plus de la moitié des pharmaciens affirment n’avoir eu aucun dégât matériel dans leur officine.
Quant aux vols, plus d’un quart a été perpétré pendant les heures d’ouverture de la pharmacie. Parmi ces 160 vols, soit 4 fois plus qu’il y a cinq ans, une écrasante majorité (100) visait de l’argent liquide, 25 des produits de parapharmacie (tétines, tests de grossesse, préservatifs…), 20 des médicaments, notamment des stupéfiants, et 6 du matériel informatique. Phénomène désormais constant, les petites communes (moins de 50 000 habitants) sont majoritairement le théâtre de ces faits (60 %). Au total, 93,4 % des agressions ont eu lieu dans des locaux indépendants (hors centre commercial), soit 4 points de plus qu’en 2020. Les régions les plus touchées sont l’Île-de-France (19,6 %), la Nouvelle-Aquitaine (14 %) et l'Auvergne Rhône-Alpes (12,7 %).
Ces statistiques sont cependant à relativiser puisqu’il ne s’agit que de déclaratif. À ce sujet, le CNOP invite une nouvelle fois les titulaires victimes d’agressions, quelles qu’elles soient, et de vols, à les signaler systématiquement sur le site dédié de l’Ordre. Parallèlement, les pharmaciens sont incités à porter plainte. En 2021, 44 % des pharmaciens victimes ont franchi ce pas. Parmi les 155 qui se sont abstenus, 24 ne l’ont pas fait par manque de temps et 17 ont pensé que leur plainte ne serait pas recevable.
A la Une
Gel des prix sur le paracétamol pendant 2 ans : pourquoi, pour qui ?
Salon des maires
Trois axes d’action pour lutter contre les violences à l’officine
Portrait
Jérémie Kneubuhl : le pharmacien aux 50 millions de clics
Médication familiale
Baisses des prescriptions : le conseil du pharmacien prend le relais