Sécurité, règles de dispensation, rémunération…

Les officinaux veulent voir les gardes évoluer

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Publié le 06/10/2023

Crédit photo : GARO/PHANIE

La Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF) a dévoilé le 6 octobre les résultats de son enquête sur les gardes et les urgences. Des résultats qui montrent la nécessité de procéder à certains changements…

Ce sondage, auquel 6 000 pharmaciens ont participé, a été mené pour recueillir l'avis des officinaux sur l'organisation des gardes, mettre en lumière d'éventuels dysfonctionnements et évoquer de potentielles pistes d'amélioration. Premier enseignement : la majorité des sondés (plus de 80 %) déclarent « ne pas se sentir toujours en sécurité durant les gardes effectuées le soir ». Un sentiment d'insécurité encore plus fort lorsqu'il s'agit de garde en nuit profonde, après minuit. Face à ce constat, Philippe Besset juge primordial « de maintenir l'engagement des commissariats de police dans les zones urbaines partout où c'est possible ». Pour les autres pharmacies, le président de la FSPF souhaite travailler avec le ministère de la Santé pour qu'elles puissent bénéficier « d'un bouton d'appel sécurisé vers les zones gendarmerie », à utiliser en cas de problème. « Dans le cas où le pharmacien se déplace de chez lui vers l'officine, il faut un contact préalable avec le patient. Tout cela, il faut le protocoliser et donner une formation au pharmacien sur l'aspect sécuritaire », prône Philippe Besset.

Sans surprise, les gardes génèrent leur lot de fatigue chez les pharmaciens. Là encore, une écrasante majorité (plus de 80 %) estime que « la réalisation des gardes de nuit affecte leur capacité à accomplir leurs missions le lendemain ». « Nous sommes les seuls professionnels à qui on demande de se lever à 8 heures le matin, alors qu'on n'a pas dormi la veille, souligne Philippe Besset. Il faut arriver à le prendre en compte sur un temps de récupération mais c'est compliqué, on ne va pas fermer la pharmacie le lendemain », ajoute-t-il, promettant de mettre cette question sur la table des futures négociations conventionnelles avec l'assurance-maladie.

Autre sujet relatif à l'organisation des gardes : le type de produits que le pharmacien peut délivrer ou non. Avec cette question : faudrait-il uniquement délivrer des médicaments sur prescription durant les gardes ? Selon l'enquête de la FSPF, les avis sont cette fois partagés. Une petite majorité souhaite en effet « limiter l'obligation de délivrance aux produits du monopole », mais une part non négligeable, 40 %, y est défavorable. Sur ce point, Philippe Besset compte ouvrir un dialogue avec l'Ordre, puis avec la DGS, pour clarifier les règles. « Là aussi, il faut que l'on arrive à avoir de bonnes pratiques (...) et que l'on puisse savoir, selon les horaires, ce que nous devons faire. Aujourd'hui, cela est laissé à la libre appréciation du pharmacien, mais cela entraîne ensuite des conflits et des litiges », regrette-t-il.

En outre, près de 9 pharmaciens interrogés sur 10 jugent que le caractère d'urgence devrait être apprécié « par le pharmacien et non par le patient ». Une position que rejoint Philippe Besset, qui estime, une fois encore, que la dispensation pendant les gardes devrait être « protocolisée ». Pour discerner ce qui relève de l'urgence et ce qui n'en est pas, la mise en place d'un système de régulation pour encadrer les gardes (qui serait donc assurée par un tiers, pharmacien ou médecin) est plébiscitée par les deux tiers des pharmaciens interrogés. Au vu de ce dernier résultat, le président de la FSPF estime qu'un tel dispositif devrait faire l'objet « d'une expérimentation sur une région volontaire ».

En ce qui concerne enfin la rémunération, elle est jugée trop basse par près de 75 % du panel, qui souhaite la voir évoluer. Un nouveau sujet qui devra donc être abordé avec l'assurance-maladie, annonce Philippe Besset. « On va essayer de voir si la CNAM veut réduire le nombre de secteurs pour augmenter la rémunération et faire en sorte qu'elle soit correcte. Si c'est le cas, il faudra également voir si les pharmaciens sont d'accord pour cela. En tout cas, on ne peut pas se satisfaire d'une rémunération qui ne couvre pas le coût de la prestation, nous allons demander une revalorisation », promet-il. 


Source : lequotidiendupharmacien.fr