Depuis ce lundi 14 mars, le port du masque n'est officiellement plus obligatoire en pharmacie. Pour les officinaux interrogés ce matin par le « Quotidien du pharmacien », il n'est pourtant pas question de le retirer aujourd'hui.
En entrant dans une pharmacie ce matin, on ne pourrait pas se douter que le masque n'y est plus obligatoire. Comme le stipule le décret du 12 mars, les officines ne font pourtant pas partie des lieux où son port est toujours imposé par la loi. Les équipes officinales et les patients ont donc le droit de fréquenter l'établissement le visage découvert, même si le titulaire a le droit de maintenir l'obligation s'il le juge nécessaire. Pour Laurent Filoche, titulaire à Blagnac (Haute-Garonne), la question de continuer à porter le masque ou non a été vite tranchée. « Nous revendiquons un statut de professionnel de santé, donc le conserver est la moindre des choses. Ce matin, mon équipe continue à le porter et les patients sont encouragés à le faire. » Depuis le début de la journée, seulement deux patients sont entrés sans masque dans l'officine de Laurent Filoche. « Quand on leur a expliqué qu'il serait préférable qu'ils en mettent un, ils ont accepté sans problème. » Pour le pharmacien haut-garonnais, pas question de changer de position « tant que l'épidémie ne diminue pas ». Or ces derniers jours, le nombre de cas positifs est reparti à la hausse. « Avec la fin des restrictions, cela risque de continuer à augmenter », pressent Laurent Filoche.
À Hazebrouck, dans le Nord, Domitille De Bretagne et son équipe n'ont pas non plus l'intention de se défaire de leurs masques pour le moment. « On fait une cinquantaine de tests par jour, la semaine dernière nous avons encore eu 20 cas positifs… Quand on a entendu Jean Castex parler de la fin du masque dans les lieux clos, on s'est naturellement posé la question de ce qu'on allait faire, mais compte tenu de la situation et pour protéger les personnes fragiles, nous avons décidé de le garder. En revanche, on a décidé d'enlever les plexiglas, car cela nous obligeait à hurler et les patients avaient tendance à passer à côté pour nous parler », explique la titulaire. Si les plexiglas ont été rangés, les masques attendront donc un peu avant de connaître le même sort.
Alors que la fin de l'obligation est effective depuis ce matin, les syndicats ont clairement appelé les membres de la profession à faire preuve de rigueur. Dans un communiqué publié ce lundi, l'Union des syndicats de pharmaciens d'officine (USPO) recommande ainsi « de conserver le masque pendant la journée de travail afin de protéger la population à risque, mais également pour se protéger d'éventuelles contaminations ».
Un appel semble-t-il entendu par les professionnels de terrain. « Le seul problème de maintenir le port du masque serait davantage au niveau des patients, on peut en perdre certains, observe Rodolphe Cohen, titulaire à Saint-Denis. Je ne vais pas non plus demander au vigile qui est posté à l'entrée de l'officine de courir après ceux qui n'en ont pas. » Cependant, dans l'officine de Rodolphe Cohen comme ailleurs, très peu de patients entrent sans masque depuis ce matin. Peut-être parce qu'ils ne sont pas encore au fait du changement de réglementation, par habitude, ou parce qu'ils ont toujours peur des contaminations, les patients ne sont pas non plus pressés se débarrasser de leur masque. « Aucun patient ne m'a posé de questions sur la fin de l'obligation », confirme Rodolphe Cohen.
Dans le 8e arrondissement de Paris, l'affichette « masque obligatoire » qui était collée sur la vitrine de la pharmacie de Jean-Luc Leroy a été arrachée au cours du week-end. Pour l'officinal, cet acte n'est pas le fait d'un militant anti-masque mais peut-être davantage d'un individu un peu trop enivré. En ce lundi, presque tous les patients sont masqués. « Ce n'est pas parce que le gouvernement a dit qu'il fallait arrêter que nous devons suivre. Nous faisons encore beaucoup de tests et tant que le virus se balade, il est préférable de le garder », estime Jean-Luc Leroy qui s'engage à offrir un masque à tout patient qui voudrait entrer dans son établissement sans en avoir un. Derrière le comptoir, l'apprentie de 18 ans qui travaille avec lui est également masquée, « par habitude et par sécurité », précise-t-elle.
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