Dans son étude consacrée aux pratiques de prescriptions d’antalgiques opioïdes, l’Observatoire français des drogues et des tendances addictives (OFDT) pointe le manque de coordination dans la prise en charge des patients. Ces difficultés dans l’organisation des soins, voire le cloisonnement entre intervenants, peuvent être à l'origine de dysfonctionnements dans la prévention de la dépendance et des surdoses, notamment face à des parcours de soins complexes.
Près de 10 millions de personnes ont reçu au moins une prescription de médicament opioïde antalgique (MOA) en France. Ces statistiques, qui remontent à 2015, révèlent l’ampleur croissante des prescriptions de MOA, hors traitement du cancer, dans l’Hexagone. Elles sont le plus souvent rédigées par des médecins généralistes, comme le souligne l’Observatoire français des drogues et des tendances addictives (OFDT) dans son étude financée par l’assurance-maladie. Ces prescripteurs de ville sont en effet à l’origine de 86,3 % des prescriptions d’« opioïdes faibles », tels que le tramadol, la codéine ou la poudre d’opium, et de 88,7 % des prescriptions d’« opioïdes forts », tels que la morphine, l’oxycodone ou le fentanyl. La majorité de ces prescriptions concernent des femmes : les opioïdes forts sont destinés à des femmes plus âgées (âge médian 64 ans), quand les plus faibles sont prescrits à des femmes d’un âge médian de 52 ans.
Si elle ne remet pas en cause le rôle pivot du médecin généraliste dans la prise en charge de la douleur chez des patients dont il connaît le contexte familial et social, l’étude pointe les difficultés de concertation entre les acteurs du système de soins. Or, souligne l’OFDT, « les décisions d’initier, de modifier ou d’arrêter un médicament ne peuvent être réduites à des comportements individuels ». Il insiste sur la dimension collective de la prescription. Dans le cas contraire, peuvent surgir des freins à la déprescription (modification ou cessation de prescription) engendrées par des difficultés de coopération entre les généralistes et les professionnels de structures spécialisées dans le traitement de la douleur ou des addictions. Ce risque se vérifie particulièrement pour une part non négligeable de médecins « qui peut minimiser la gravité des problèmes avec les opioïdes (notamment la dépendance) et traiter de manière exclusive le problème de la douleur », note l’OFDT.
D’où l’importance d’un travail en équipe avec l’infirmier chargé de l’évaluation thérapeutique et avec les pharmaciens, « capables de détecter des interactions, un mésusage, une dépendance. Ce qui augmente aussi les expériences des médecins ». Les praticiens témoignant dans l’étude en conviennent, tel ce prescripteur : « quand il y a un problème ou une suspicion, il y a un travail à faire avec eux. Il faut que l’on arrive à plus les inclure dans nos parcours patients. Par exemple, quand il y a un doute sur des ordonnances contrefaites. Cela m’est arrivé une fois. Le pharmacien m’avait prévenu et après, les 25 pharmaciens autour m’ont contacté. »
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