Méconnus des pouvoirs publics, les groupements de pharmaciens d’officine ont gagné en visibilité pendant la crise, notamment lors du combat mené pour que le pharmacien d’officine soit autorisé à vendre des masques.
« Je me souviens de certaines discussions avec les services du ministère de la Santé, de la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF), avec la Direction générale des entreprises (DGE) ou la Direction générale de la Santé (DGS)… qui ont finalement abouti. Et après les masques, nous sommes retournés au combat pour les tests sérologiques, pour nous retrouver face au lobbying corporatiste des biologistes », se remémore Alain Grollaud, président de Federgy, qui compte désormais sur l’arrivée prochaine des tests antigéniques pour le Covid-19 en officine.
Il faut dorénavant que l’officine tire avantage de son investissement pendant la crise, en développant en premier lieu les services aux patients. Et Alain Grollaud de citer la téléconsultation, le télésoin, la livraison à domicile, la vaccination antigrippale, la prévention via les tests rapides d’orientation diagnostique (TROD), etc. « Le second axe à travailler est le renforcement de l’interprofessionnalité autour du patient, grâce à une coordination numérique entre les professionnels de santé, mais sans l’obligation de participer à des structures administratives », ajoute le président de Federgy. En effet, il considère que ces structures ne peuvent exister partout : « Encore faut-il qu’il y ait des professionnels de santé dans les zones où les pharmacies existent ! »
Pouvoir communiquer
Le troisième axe pour permettre à la pharmacie de rebondir est un combat de longue date. « Cela fait des années qu’on réclame le droit de communiquer au niveau de l’officine », rappelle Alain Grollaud. Le code de déontologie révisé, adopté par l’Ordre des pharmaciens en octobre 2018, n'est toujours pas sorti des cartons. Il serait entre les mains du Conseil d’État depuis des mois… Pour les groupements de pharmaciens, l’attente est insupportable. « Ce n’est pas inné de savoir que le pharmacien pratique un TROD, alors comment fait-on savoir aux Français qu’on propose un service sans droit de communiquer ? », s’agace Alain Grollaud.
Par ailleurs, Federgy imagine la création par les groupements de plateformes B to B afin de mutualiser les moyens. C’est à ses yeux une « solution architecturale permettant de lutter contre la vente en ligne et les plateformes de type Amazon ».
Dernière piste de rebond pour la pharmacie : la mise en place d’un tiers payant pour les produits et services non remboursés. « Il s’agit d’un projet ambitieux sur lequel on travaille depuis plusieurs mois avec plusieurs opérateurs, et qui pourrait être proposé à l’ensemble des officines début 2021 », annonce Alain Grollaud. Le but ? Que le pharmacien puisse interroger les droits des patients au comptoir, et que ces derniers n’aient aucune avance de frais à réaliser. Une façon de placer le parcours officinal à égalité avec le parcours médical, sans pénalité financière pour le patient qui choisit d’entrer dans le système de santé par l’officine. « Cela renforcera aussi le monopole officinal en démontrant la valeur ajoutée du pharmacien et nous permettra de lutter contre le phénomène insidieux de la vente en ligne. Les groupements seront là pour accompagner les confrères officinaux. »
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