À l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre le sida, les équipes de pharmaco-épidémiologie de l’agence du médicament et de l’assurance-maladie réunies dans Epi-Phare actualisent les données d’utilisation de Truvada (emtricitabine + ténofovir) et génériques dans la prophylaxie pré-exposition (PrEP) au VIH. Si l’usage de la PrEP est en nette progression, sa diffusion auprès des populations en dehors des grandes zones urbaines reste encore modeste.
Les chiffres actualisés du rapport sur l'évolution de l’utilisation de Truvada ou génériques pour une prophylaxie pré-exposition (PrEP) au VIH montrent une progression notable de la PrEP en France, avec plus de 20 000 nouvelles initiations entre juillet 2022 et juin 2023, soit près de 1 700 par mois en moyenne.
Ainsi, au premier semestre 2023, le nombre total de personnes utilisant effectivement la PrEP (en initiation ou en renouvellement) est en hausse, atteignant 52 802 au premier semestre 2023, soit +24 % par rapport au premier semestre 2022. Au total, à fin juin 2023, 84 997 personnes de 15 ans et plus ont initié la PrEP en France depuis 2016, un chiffre en augmentation de 31 % par rapport à fin juin 2022.
Cette progression s'explique en partie par l’élargissement de la primo-prescription de la PrEP à l’ensemble des prescripteurs (notamment les médecins généralistes) depuis le 1er juin 2021. « Au premier semestre 2023, ce sont 42 % des prescriptions d’initiation et de renouvellement de PrEP qui ont été effectuées par des médecins libéraux, dont près de 90 % par des généralistes », observe le groupe d’intérêt scientifique (GIS) Epi-Phare dans son rapport. Un chiffre en augmentation par rapport à l'année dernière, où 41 % des initiations de PrEP étaient effectuées par des prescripteurs libéraux dont 88 % par des généralistes.
Par ailleurs, la diffusion de la PrEP aux groupes de population autres que les HSH (hommes qui ont des rapports sexuels avec d'autres hommes) des grandes métropoles, continue : « La part des utilisateurs résidants à Paris ou sa petite couronne et en PACA a poursuivi sa baisse au profit d’autres régions métropolitaines, de la grande couronne parisienne et des départements et régions d'outre-mer », notent les experts, qui constatent que cette hausse reste limitée : « Les initiations de PrEP ont aussi de plus en plus souvent concerné des femmes (4,6 % en 2023 contre 4 % en 2022), des bénéficiaires de la complémentaire santé solidaire (8,9 %), et des personnes résidant en milieu semi-urbain ou rural (15,3 % en 2023 contre 14,6 % en 2022). »
Le profil type d'utilisateur de PrEP reste donc globalement le même : homme, de 36 ans en moyenne, dont 71 % résident dans une unité urbaine de plus de 200 000 habitants, avec une faible part de bénéficiaires de la CSS ou de l’AME.
Un point alerte les chercheurs : si le taux de maintien du traitement préventif d’un semestre à l’autre est élevé (90 % depuis 2020), dans la période des 6 premiers mois suivant l’initiation de la PrEP, les interruptions précoces de la PrEP sont en hausse constante. Elles concernent actuellement près de 30 % des personnes initiant la PrEP. En outre, la fréquence de réalisation du contrôle de la fonction rénale (qui accompagne l’initiation de la PrEP) tend à diminuer avec le temps, atteignant seulement 61 % début 2023.
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