C’est une réunion qui, le 11 janvier, devait permettre d’informer les représentants des pharmaciens, des grossistes-répartiteurs ou encore des radiologues sur la mise en œuvre de la forfaitisation de la prise en charge des produits de contraste, attendue pour le 1er mars. De cet entretien, les participants en sont finalement sortis avec plus de questions que de réponses. « On nous a confirmé que les produits de contraste sortiraient bien du circuit des produits remboursables par l'assurance-maladie le 1er mars, un arrêté sera pris en ce sens, précise tout d’abord Pierre-Olivier Variot, président de l’Union des syndicats de pharmaciens d’officine (USPO). Le problème c’est qu’aujourd’hui personne n'est prêt. Rien n'est prévu concernant la reprise des stocks détenus par les pharmaciens, fulmine-t-il. Les laboratoires ne veulent pas les reprendre et la direction de la Sécurité sociale (DSS) n'est pas en mesure d'apporter la moindre réponse sur ce point. Nous redisons donc aux officinaux qu'ils ne doivent surtout pas stocker ces produits ». Même consigne donnée par son homologue de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France. « Il ne faut pas stocker. C’est le message que les pharmaciens doivent retenir », confirme Philippe Besset.
Dérives, questions en suspens et dégradation de la prise en charge des patients
Le président de la FSPF ne cache pas non plus sa lassitude en voyant avec quelles difficultés cette mesure se met en place. « Il y a deux débats qui ne sont pas tranchés. Le problème de la reprise des stocks pour commencer. Une solution a été évoquée, celle d’un double circuit de commande temporaire, pour un ou deux mois, à partir du 1er mars, ceci afin de facturer les derniers produits. Sur cette proposition, nous n’avons pas eu de réponse. Autre sujet en suspens, la question des produits de contraste de petit volume (injections intra-articulaires utilisées par les radiologues lors d’arthroscopies par exemple) qui pourraient finalement rester dans le circuit de ville. Je dis bien “pourrait” car aujourd’hui rien n’est calé. La liste des produits qui resteraient en officine ne nous a pas été présentée. Nous sommes mi-janvier, cette mesure a déjà été repoussée… Au bout d’un moment nous aimerions bien savoir ce qui va se passer », s’agace Philippe Besset.
De plus, la très grande confusion qui règne sur ce dossier amène quelques dérives, observe de son côté Pierre-Olivier Variot. « On a constaté que des cabinets de radiologie faisaient des prescriptions pour deux flacons alors qu'ils n'en avaient besoin que d'un, ils commencent à stocker en anticipant des problèmes. ». Le président de l’USPO alerte surtout sur une dégradation plus que probable de la prise en charge des patients. « Le risque, c'est que durant une période allant d'aujourd'hui à fin février les patients ne puissent avoir accès à ces produits d'injection. Grossistes et pharmaciens ne commanderont plus et les laboratoires ne seront pas en capacité de livrer directement les cabinets de radiologie. À l’avenir d’autres questions se posent, ajoute-t-il. Comment les radiologues vont-ils être avertis par les laboratoires quand il y aura un défaut sur un produit ? Eux n'ont pas accès au DP comme nous. Quid, également, de la traçabilité des produits qui seront délivrés aux patients ? », s’interroge le président de l’USPO. Pierre-Olivier Variot n’a toujours pas digéré l’existence de cette mesure, ajoutée en catimini dans le PLFSS pour 2023. « Ce changement de règles fait aujourd’hui l’unanimité, mais contre lui ! », veut-il souligner.
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