Le Quotidien du pharmacien. - Face à la progression du variant Delta, à quoi les pharmaciens doivent-ils s’attendre à la rentrée ?
Jean-Jacques Zambrowski. - Cela dépendra comment s’est passé l’été. Or les signaux actuels ne sont pas encourageants : les jeunes font preuve d’une inconscience dramatique et une partie de la population continue obstinément de refuser le vaccin, alors même que nous courons le risque d’une prééminence du variant Delta. Dans ces conditions, une nouvelle flambée de l’épidémie est à craindre.
Les pharmaciens qui ont démontré qu’en l’absence de traitement efficace par voie orale, ils pouvaient s’impliquer dans la détection du virus et dans la vaccination vont être sollicités sur ces deux axes car on aura besoin d’eux pour renforcer le taux de vaccination et pour tester les Français si le passe sanitaire devient obligatoire dans certains lieux comme les restaurants.
Comment ces missions pourront-elles se poursuivre, alors même que le « quoi qu’il en coûte » marque des premiers signes d’essoufflement ?
Les tests de complaisance ne seront plus remboursés, mais ils seront compensés par la vaccination. Cela me semble logique que ceux qui voyagent et qui ne seront pas vaccinés ajoutent le prix de leur test au coût de leur déplacement ! Il faut rappeler que la France était jusqu'à présent le seul pays au monde à le rembourser. C’était à mon sens une anomalie.
On parle, dans ce contexte, d’un PLFSS « pas généreux ». Faut-il rappeler que les dépenses doivent évoluer de 4 % pour faire face à l’évolution démographique et au progrès diagnostique et thérapeutique ? L’année dernière, l’augmentation était de 2,5 %. On ne pourra décemment trouver davantage cette année. Car, en dépit du « quoi qu’il en coûte », on ne peut impunément continuer à creuser le déficit au risque de laisser des sommes colossales aux générations futures. Il est nécessaire de retrouver l’équilibre tout particulièrement quand les recettes ne suivent pas.
Pour le PLFSS 2021, nous avions 198 milliards de recettes pour 217 milliards d’euros de dépenses et le PIB n’a pas eu la croissance estimée. Pour autant, on ne peut sacrifier le budget hospitalier, le Ségur de la santé ayant pris des engagements dans la revalorisation des salaires. Ni les équipements hospitaliers alors que la France est désormais à la peine dans des domaines comme l’imagerie médicale. Pas davantage, nous ne pouvons nous permettre de ralentir dans les évolutions thérapeutiques, je pense par exemple aux CAR T-Cell, notre pays s’est laissé dépasser par d’autres pays comme l’Espagne et l’Italie. Ce retard est anomal et presque scandaleux.
Dans ces conditions, le médicament doit-il, une nouvelle fois, être la variable d’ajustement ?
Le secteur qui paraît s’en sortir le moins mal est effectivement le médicament. Il ne faut donc pas s’attendre à ce que les baisses de prix cessent. En tout cas, les prix du médicament ne vont pas évoluer de façon à compenser la hausse des charges de l’officine. Mais le pharmacien doit savoir qu’il peut compter sur les médicaments innovants, également hors des prescriptions hospitalières, notamment en cancérologie. Il doit en être bénéficiaire, notamment en s’impliquant dans les traitements. Les négociations conventionnelles devront veiller - entre autres - à ce réajustement des honoraires.
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