LES PISTES pour améliorer l’observance des traitements médicamenteux se multiplient, ces derniers temps. Après le livre blanc du think tank, la Fondation Concorde (voir « le Quotidien » du 16 juin), c’est au tour de Jalma, cabinet de conseil spécialisé dans le secteur de la santé, d’émettre dans une étude présentée le 19 juin : cinq propositions pour renforcer l’observance des produits de santé*. « Ces travaux sont donc le fruit de constatations issues du terrain », souligne, en préambule, Mathias Matallah, président de Jalma.
Principal constat : la non-observance est un phénomène d’ampleur considérable. « 30 à 50 % des patients, toutes pathologies confondues, seraient concernés. 1 médicament prescrit sur 7 n’est pas acheté. 1 médicament acheté sur 8 n’est jamais pris », détaille Daniel Szeftel, consultant associé du cabinet.
En dépit de ces chiffres, il est aujourd’hui difficile de mesurer l’étendue exacte de la non-observance des traitements en France. En effet, il n’existe actuellement aucune mesure statistique correcte et globale pour quantifier le phénomène, « alors même que des outils fiables de recueil (base de données de l’assurance-maladie) existent dans notre pays », souligne Jalma. De fait, à l’instar de la Fondation Concorde, le cabinet JALMA propose la création d’un observatoire de suivi et d’évaluation de l’observance. « L’élaboration d’une étude nationale objective, pluri-pathologique et récurrente du suivi des traitements constitue une étape prioritaire dans l’orientation de notre politique de santé vers l’amélioration de l’observance », indique l’étude. Cet état des lieux précis du phénomène de la non-observance permettrait ensuite la mise en place de campagnes de communication en santé publique, avec le soutien notamment des principales associations de patients.
Renforcer le rôle de conseil du pharmacien.
Autre acteur à mobiliser sur la question de l’observance : le pharmacien. « L’implication accrue du pharmacien constitue une opportunité intéressante pour favoriser le bon suivi du traitement. » Ainsi, au-delà des premières avancées permises par la loi HPST, le cabinet Jalma suggère une extension de l’accompagnement des pharmaciens aux « problématiques les plus criantes d’observance médicamenteuse » telles que l’hypertension, le diabète, la BPCO. « Les pharmaciens peuvent trouver un bénéfice économique direct dans une meilleure observance et une plus grande fidélisation des patients. Une rémunération à la performance complémentaire serait opportune pour inciter le pharmacien à la qualité de l’accompagnement et pour renforcer les impacts du dispositif sur l’observance secondaire », considère l’étude.
Impliquer les industriels de santé.
Jalma recommande aussi d’assouplir le cadre réglementaire issu de la loi HPST afin de permettre aux industriels de santé d’intervenir dans la conception et la mise en œuvre des programmes d’accompagnement des patients et d’observance. Le cabinet préconise notamment qu’un industriel de santé puisse lui-même définir le cahier des charges lors de la mise en place de ces programmes. Et d’insister sur la nécessité de maintenir un tiers de confiance « pour assurer le service auprès du patient, conserver l’impartialité actuelle et l’interdiction de relation directe entre le laboratoire et le patient ». Par ailleurs, l’étude Jalma appelle à un assouplissement du cadre réglementaire afin de favoriser l’utilisation des nouvelles technologies (piluliers électroniques, SMS, e-mails…) et l’accompagnement à distance. Des innovations qui ont « des résultats très positifs sur l’observance des patients ».
La quatrième proposition du cabinet Jalma consiste à rétablir l’observance (supprimée de la grille d’ASMR en 2005) parmi les critères de fixation du prix des médicaments. Cette mesure « permettrait de dépasser la prise en compte de l’efficacité théorique du médicament pour mieux valoriser son bon usage ». Enfin, le cabinet Jalma recommande le développement de procédures de fixation conditionnelle du prix des traitements « en fonction de critères objectifs, pertinents et mesurables (comme l’observance) ». Cette nouvelle politique de fixation des prix serait « synonyme d’une plus grande responsabilisation des industriels de santé ». À condition toutefois… qu’ils puissent intervenir en matière d’accompagnement et d’éducation thérapeutique des patients.
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