LE SAVIEZ-VOUS ? Selon le Pr Sylvie Legrain (université Paris Diderot), parmi les 75 ans et plus vivant en France, 82 % souffrent conjointement de plusieurs pathologies, 57 % sont en ALD (affection de longue durée) et un tiers est hospitalisé au moins une fois dans l’année (dont 14 % en urgence). Or, si ces personnes ont de multiples prescripteurs et intervenants de santé, la très grande majorité n’a souvent qu’un seul pharmacien d’officine.
Comme le souligne le Pr Legrain, l’officinal peut dès lors jouer efficacement un rôle de vigie, autrement dit de repérage des problèmes de santé liés à la personne ou à son entourage (aidants), du point de vue des troubles cognitifs, des troubles de l’humeur, de l’état général (amaigrissement, prise de poids, fatigue inhabituelle), des aggravations fonctionnelles ainsi que de l’isolement. Il s’y ajoute l’activité pharmaceutique propre, concernant la prévention et la prise en charge d’un certain nombre de problèmes en rapport avec le traitement médicamenteux (observance, difficultés de prise, effets indésirables, erreurs, interactions médicamenteuses, multiplicité des prescripteurs, conseils dans le cadre de l’automédication…).
Parmi les réalisations concrètes évoquées figure l’activité du réseau PRESAGE. PRESAGE est un réseau régional de pharmacovigilance active en ville ciblant les sujets âgés de 80 ans et plus, composé de médecins généralistes et de pharmaciens d’officine franciliens volontaires, avec pour objectif la détection « dans la vraie vie » des effets indésirables liés à une molécule ou à une classe pharmacologique en limitant le biais de sous déclaration. Dans le but ultérieur d’établir un rapport bénéfices/risques pour chaque produit concerné et de concevoir des interventions d’amélioration des pratiques professionnelles et d’éducation thérapeutique du patient, puis de les évaluer. La première étude réalisée dans ce cadre (PRESAGE-ACO) s’est déroulée l’an dernier sur le thème du meilleur rapport bénéfice/risque entre les nouveaux anticoagulants oraux (NACO) et les antivitamine K, chez les plus de 80 ans atteints de fibrillation auriculaire non valvulaire.
Quand la Mutualité se rapproche des officinaux.
Le Dr Laure Lechertier met en valeur une initiative originale de détection de la BPCO (bronchopneumopathie chronique obstructive) en officine. On sait, en effet, que cette pathologie évolue très longtemps de façon silencieuse et que, au moment du diagnostic, près des deux tiers des patients sont déjà porteurs de lésions respiratoires irréversibles. Cette expérimentation, placée sous l’égide de la Fédération nationale de la mutualité française (FNMF) et en partenariat avec les trois syndicats d’officinaux (FSPF, UNPF, USPO), ainsi qu’avec le Collectif national des groupements de pharmaciens d’officine (CNGPO), a débuté en mars dernier et est prévue pour durer 3 mois. Celle-ci mobilise 150 pharmacies situées dans trois régions : Bretagne, Nord-Pas-de-Calais et Rhône-Alpes.
En pratique, une détection est proposée par courrier aux adhérents, de 40 à 70 ans, des mutuelles participantes, qui ont accepté de financer le dispositif, sur la base d’un auto-questionnaire validé leur permettant d’évaluer leur risque. En cas de réponse par l’affirmative à au moins 3 des 5 questions posées, l’adhérent est encouragé à prendre contact avec l’un des pharmaciens partenaires (formés par e-learning) pour bénéficier d’un dépistage gratuit, réalisé dans un espace de confidentialité grâce à un spiromètre électronique. Les officinaux perçoivent une indemnité forfaitaire par tranches de détections, progressivement majorée en fonction du nombre de dépistages réalisés. Les résultats seront publiés à l’automne prochain.
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