LA PRATIQUE DE L’ETP a pour objectif de faire que le patient s’approprie sa maladie et la manière de la traiter et devienne alors acteur de sa santé. C’est un processus continu, intégré au soin et centré sur le patient. L’ETP n’est pas un acte de prescription ni de dispensation et elle se démarque également de l’éducation pour la santé qui est une information de masse. « Certes, l’ETP est une affaire de pharmacien, mais elle n’appartient pas au pharmacien, même si sur le plan du médicament il occupe une place privilégiée. L’ETP demande du temps, un lieu, un réseau et des compétences, prévient le Dr Françoise Amouroux, pharmacien et professeur associé à la faculté de pharmacie de Bordeaux. En pratique, pour participer à une ETP, l’officinal doit acquérir une formation de quarante heures, accepter de travailler en partenariat avec d’autres professionnels de santé, avec la présence obligatoire d’un médecin initiateur ou coordinateur, et le programme doit être validé par l’ARS (agence régionale de santé). » La démarche est pluridisciplinaire et il doit exister une cohérence entre toutes les équipes pour faire passer les mêmes messages. La prise en charge du patient doit être raisonnée de façon collective.
Ne pas confondre éducation et information.
Dans la relation traditionnelle qu’il a avec le patient, le pharmacien d’officine est un très bon éducateur technique, un enseignant capable de lui expliquer sa maladie, de le renseigner sur la gestion de son traitement et la façon de le rendre compatible avec ses activités quotidiennes ; il lui transmet un savoir qu’il n’a pas. Il peut aussi être un renforçateur des messages délivrés par les autres acteurs de santé et être un médiateur au sein d’une équipe pluridisciplinaire. « Mais L’ETP ne consiste pas seulement à informer et à conseiller. Pour s’investir dans cette mission et participer activement, le pharmacien doit, d’une part, passer de l’enseignant à l’enseigné et, d’autre part, devenir un formateur. Cela ne s’improvise pas, il doit acquérir des compétences nouvelles car il n’est pas formé à la connaissance des patients, déclare Jean Calop, consultant pharmaceutique. Dans l’ETP, on ne parle plus de médicaments mais de traitements, de diagnostic éducatif, de partage d’objectif avec le patient. »
La découverte de la maladie est très souvent un choc et il faut apprendre à concevoir l’entrée du patient dans sa maladie et savoir l’aider à gérer son parcours sur le long terme. Pour apprécier les connaissances précises dont le malade a besoin à un moment donné, le pharmacien doit avoir une approche transversale de l’ordonnance et prendre en compte la dimension cognitive, c’est-à-dire les connaissances antérieures du patient, ses croyances, ses représentations de la maladie, les concepts qu’il peut en avoir, ses freins culturels, sans oublier la dimension psychoaffective dont le but est d’apprécier son degré d’acceptation de la maladie, son stress face au diagnostic et sa réceptivité à la proposition de l’ETP. « On pourrait parler de consultation pharmaceutique à l’exemple du pharmaceutical care canadien, remarque le consultant, la plus-value du pharmacien et de son équipe se situant tant au niveau de la validation de l’ordonnance, que de l’optimisation du traitement et de l’éducation du malade. » Cette démarche, que l’on pourrait qualifier de service pharmaceutique rendu (SPR), pose le problème de la rémunération, et implique une réorganisation de l’exercice officinal, avec une codification du temps consacré à cette mission et de la qualité du service effectif rendu au malade.
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