Les tests antigéniques ne seront remboursés qu'en cas de raison médicale à partir du 15 octobre, comme l'a encore confirmé le Premier ministre dimanche dernier. Si le dossier paraît simple en théorie, les modalités pratiques pour le pharmacien, elles, le sont beaucoup moins. Au grand dam des syndicats, qui ne cachent plus leur impatience.
Dans deux semaines, les tests antigéniques réalisés dans l'unique but d'obtenir le passe sanitaire seront à la charge du patient. Les personnes majeures non vaccinées devront obtenir une ordonnance médicale pour être remboursées. En cas de symptômes, les mineurs et les vaccinés, eux, pourront directement se rendre en pharmacie et leurs tests seront toujours pris en charge. Voilà ce que l'on sait aujourd'hui. Ce que les pharmaciens ignorent en revanche à ce jour, c'est comment cela va se passer concrètement pour eux au comptoir. « Tout reste à régler alors que ça commence dans 15 jours », déplore Fabrice Camaioni, président de la commission métier de la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF).
Première interrogation : comment le pharmacien pourra-t-il s'assurer du statut vaccinal du patient venu se faire tester ? « Devront-ils nous présenter leur passe sanitaire avec le QR Code ? Faudra-t-il aller vérifier nous-mêmes sur SI-Vac ? », interroge Fabrice Camaioni. Le pharmacien n'étant pas habilité à contrôler les papiers d'identité du demandeur, le risque de fraudes est réel. « Que se passera-t-il si un patient présente le passe de son voisin ? Si je me rends compte ensuite qu'il ne s'agit pas de la bonne personne au moment de faire le tiers payant, alors il y aura des indus », anticipe le représentant de la FSPF. Une crainte que partage Pierre-Olivier Variot, président de l'Union des syndicats des pharmaciens d'officine (USPO). « Les ordonnances de complaisance » que pourraient délivrer certains médecins et la possibilité pour les patients « d'obtenir des prescriptions via certaines plateformes » risquent bien, selon lui, d'exposer les pharmaciens à de nombreux cas frauduleux.
D'autres questions se posent dès aujourd'hui. « Si un patient présente des symptômes ORL, qu'il va chez le médecin et qu'il est renvoyé vers le pharmacien pour faire un test, est-ce qu’il faudra le faire ou pas ? Est-ce que cela sera pris en charge ? demande encore Fabrice Camaioni. Il faut maintenir la prescription médicale pour les patients non vaccinés, mais ce qui permettrait de vraiment simplifier les choses, ce serait de continuer à prendre en charge les tests en cas de symptômes sans émettre ensuite de passe sanitaire. Ainsi, on évite les tests de confort faits aux frais de la princesse. Ce serait la règle la plus simple mais cette piste on n'en parle plus aujourd'hui », regrette Fabrice Camaioni. Il redoute, outre le risque d'indus et de perte de temps pour les pharmaciens, « des conflits au comptoir » et estime que des officinaux pourraient tout simplement « renoncer à faire des tests antigéniques ».
La question de la facturation reste encore très obscure elle aussi. Pour Pierre-Olivier Variot, une solution permettrait de rendre la vie des pharmaciens plus simple. « Ce que je souhaiterais c'est que plus aucun test ne soit gratuit, sauf pour les vaccinés et les mineurs. Pour les autres, on fait systématiquement payer. Si le patient est éligible au remboursement, alors l'assurance-maladie aurait la charge de s'en assurer ensuite ». Une piste qui reste à débattre.
Un sentiment commun habite donc les deux syndicats aujourd'hui : le mécontentement. « On ne peut plus se permettre de discuter, la date approche, il faut se dépêcher », exhorte Fabrice Camaioni. « Il y a de la lassitude chez tout le monde, il faut que l'on puisse revoir très vite les autorités sanitaires sur ce sujet, car beaucoup de choses doivent bouger », insiste Pierre-Olivier Variot.
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