Restée confidentielle malgré son remboursement depuis septembre 2018, la téléconsultation a littéralement explosé pendant le premier confinement. Alors que l’assurance-maladie comptabilisait moins de 10 000 actes hebdomadaires début mars, leur nombre a bondi début avril pour dépasser le million. Pour plusieurs raisons évidentes : indisponibilité de nombreux cabinets médicaux, crainte de la contamination, multiplication des offres de téléconsultation et surtout, levée des conditions encadrant habituellement la téléconsultation.
En effet, à partir du 10 mars, le ministre de la Santé lève l’obligation de passer par son médecin traitant et d’avoir bénéficié d’une consultation présentielle dans les 12 mois pour être remboursé d’une téléconsultation. La fin de cet assouplissement a été repoussée à plusieurs reprises. La loi de financement de la Sécurité sociale (LFSS) pour 2021, adoptée en décembre, le prolonge jusqu’au 31 décembre 2021. De plus, le 4 avril dernier, Olivier Véran a décidé d’entériner la possibilité, déjà énoncée par la Haute Autorité de santé (HAS) dans ses recommandations, de réaliser des téléconsultations par téléphone lorsque les patients n’ont pas accès à des technologies numériques. Cette dérogation, qui avait pris fin le 10 juillet, est de nouveau en vigueur depuis fin octobre. Par ailleurs, le ministère de la Santé a également ouvert la téléconsultation aux demandes d’interruption volontaire de grossesse (IVG) début avril. La pratique avait aussi été levée le 10 juillet dernier mais est de nouveau possible depuis le 8 novembre.
Conseils et entretiens à distance
Testée à grande échelle par les patients, la téléconsultation est plébiscitée par 65 % des Français, selon un sondage OpinionWay mené en juillet dernier. Si son usage a décru à la sortie du premier confinement pour se stabiliser en septembre autour de 5 % de l’ensemble des consultations, il est reparti à la hausse au moment du reconfinement.
Le télésoin en pharmacie, encore en gestation lorsque la première vague de Covid-19 a déferlé sur la France, s’est rapidement déployé. Ces actes sont aussi pris en charge par l’assurance-maladie depuis le 10 mars. Ce qui a poussé l’Union régionale des professions de santé (URPS) pharmaciens des Hauts-de-France à lancer son dispositif « Predice » dans la foulée. Celui-ci permet de dispenser les conseils à distance à la suite d’une livraison de médicaments à domicile et de réaliser les entretiens pharmaceutiques. Il a ainsi précédé de quelques semaines l’arrêté du 18 mai autorisant la réalisation des entretiens pharmaceutiques et des bilans partagés de médication (BPM) en vidéotransmission, après un premier entretien physique.
La Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF) a appelé les confrères à se saisir de la pratique du télésoin fin avril en s’appropriant les missions du pharmacien correspondant. Mettant à leur disposition une grille d’entretien du télésoin, le syndicat incitait les officinaux à téléphoner aux patients en affection de longue durée (ALD) qu’ils ne voyaient plus pour rappeler l’importance de suivre leur traitement, organiser sa délivrance et les inviter à consulter leur médecin. Un appel dont l’URPS Occitanie s’est saisie pour lancer une expérimentation avec un outil sécurisé de mise en relation pharmaciens-patients.
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